Eric Le Roy, Chef du service Accès, valorisation et enrichissement des collections des Archives françaises du film/CNC, Vice-Président de la Fédération internationale des archives du film (FIAF), a animé un séminaire sur le cinéma de la France de Vichy à la Cinémathèque Orion de Helsinki, du 25 au 27 octobre 2010. A cette occasion – qui témoigne une fois de plus de l’étroite collaboration entre les archives françaises et les archives finlandaises –, Eric Le Roy a présenté, en deux séances, une série de films documentaires de propagande français, pour la plupart inédits, réalisés pendant l’Occupation (1940-44).
Créées en 1969, quelles sont les tâches et missions premières des Archives françaises du film (AFF) ?
Elles consistaient, en premier lieu, à répondre à une demande importante de la profession cinématographique suite à l’«Affaire Langlois», qui a été une longue histoire conflictuelle entre Henri Langlois et André Malraux. La première mission a donc été de collecter et de conserver les collections de films nitrate qui étaient dans les laboratoires et chez les producteurs. La priorité a été, tout d’abord, de construire un bâtiment aux normes de conservation et, par ailleurs, d’élaborer un programme de construction de cellules de films nitrate. Ce sont des cellules spécialement adaptées à la conservation des films nitrate qui est ce support dangereux qui a existé en France jusqu’en 1954. Les Archives françaises du film ayant été constituées à cette période pour répondre à une demande, rapidement s’est mise en place une politique patrimoniale liée aux collections existant sur le territoire.
Quels sont les objectifs que se donnent d’atteindre les AFF dans un avenir proche ?
D’abord, on a plusieurs programmes. C’est vrai qu’au bout de 40 ans – puisqu’on fête nos 40 ans depuis l’année dernière –, on se dit qu’il faut faire un bilan des collections et, compte tenu de l’arrivée du numérique, qui est le nouvel enjeu international de la préservation du patrimoine contemporain mais aussi du patrimoine ancien, on doit se poser et réfléchir à la pérennité de nos patrimoines : d’une part, le patrimoine sur films, celui que nous avons depuis même le pré-cinéma – pour ce qui est des films de Marey, Lucien Bull, etc. qui sont des documents cinématographiques avant l’invention du cinéma –, et, d’autre part, l’arrivée du numérique. Cet ensemble de patrimoines d’images, nous devons réfléchir aux moyens de le conserver pour les générations futures, comme nous l’avons déjà fait pour le film photochimique. Il y a donc, d’une part, un travail de fond à faire sur les collections films, c’est-à-dire resélectionner et voir ce qu’on doit garder impérativement, également tous les doublons (les éléments que nous avons en plusieurs exemplaires), voir quel intérêt nous avons de les garder ou, éventuellement, de les transférer à d’autres cinémathèques, d’en faire don à d’autres pays afin de ne garder ainsi que l’essentiel des éléments importants pour la conservation. Par ailleurs, pour ce qui est du numérique, il est indispensable maintenant de prendre en compte ce nouveau support. Il y a peu d’éléments concernant sa pérennité dans le temps, et cela pose un certain nombre de problèmes, de questions techniques voire philosophiques aussi, puisqu’on se demande s’il faut reporter le numérique sur du photochimique. Cela a, certes, un coût mais le travail que nous sommes en train de mener va nous permettre de trouver des solutions et des objectifs précis pour les 10, 15 voire 20 années à venir par rapport à cet enjeu du numérique. Cet enjeu, il est sur les films actuels qui sont tournés en numérique. Comment les garder, sur quel support ? Est-ce que ce support existera dans dix ans ? Est-ce qu’il y aura des virus ? Est-ce que les machines pourront lire dans dix ans des éléments numériques de 2010 ? On n’en sait rien, et on se pose des questions sur toute cette partie importante de la technologie actuelle. Et puis, il y a le passé aussi que l’on devrait reporter sur numérique pour mieux le diffuser puisque, maintenant, de plus en plus de salles s’équipent en numérique et que certaines d’entre elles abandonnent le photochimique. Donc, comment pourrons-nous, par exemple, passer « L’armée des ombres » dans cinq ans ? Est-ce qu’on le passera sur support film, comme ici à la Cinémathèque à Helsinki ou comme à la Cinémathèque française, ou bien est-ce que le film sera passé en numérique uniquement ? Ce sont des questions qu’il faut se poser sur la diffusion du patrimoine. Récemment à la Cinémathèque française, pour l’inauguration du Cycle Ernst Lubitsch – grande rétrospective intégrale, la plus importante depuis 30 ans –, l’ouverture a été faite sur « To be or not to be » de Lubitsch, tourné en 1942 aux Etats-Unis, présenté en numérique. Donc, la restauration a été faite en numérique, et nous n’avons pas vu le film sur support film ; on a vu une projection numérique. Quel est l’avenir de ces supports numériques et de cette très belle restauration ? A l’heure actuelle, il y a peu de réponses.
Le numérique a tout de même des avantages.
Il y a des avantages en termes de diffusion et d’accès qui est beaucoup plus facile parce qu’on peut maintenant par Internet télécharger en payant légalement un usage – on a le droit de regarder le film plusieurs fois pendant 24 heures, etc. C’est vrai qu’il y a une liberté de diffusion, un partage de la culture cinématographique plus important, mais il est essentiel aussi de se poser la question de la pérennité de ces supports.
Pour ce qui est du stockage, cela ne permet-il pas de gagner de l’espace ?
Bien entendu, on gagne de l’espace mais toujours le même problème : est-ce que cet espace enfermé sur des disques durs sera encore valable ? Est-ce qu’il ne sera pas lui aussi sujet, comme d’autres éléments numériques, à des virus ? Peut-il y avoir des pertes d’éléments ? On a déjà un exemple qui nous pose problème. Nous avons restauré « Orphée » de Jean Cocteau, une très belle restauration, magnifique, coûteuse, avec M6 qui est l’ayant-droit. On a présenté le film au Festival de Cannes – grande restauration applaudie –, en numérique. Le film existe en DVD, il est diffusé à la télévision, il est accessible sur Internet dans un cadre légal, mais nous avons un problème. Nous souhaiterions, avec le laboratoire avec lequel nous avons travaillé à la numérisation de ce film, remettre, reporter ce support numérique sur pellicule. Pas moyen. Il y a un problème de logiciel. On se dit que c’est quand même assez inquiétant sur la pérennité de ces éléments numériques. C’est une question que je pose, mais que beaucoup de professionnels se posent. Le numérique a beaucoup d’atouts, mais il a aussi des contraintes. Et puis, il y a une inconnue qui est cette lecture dans quelques années, et certains professionnels repensent maintenant à la possibilité de revenir à la pellicule pour la conservation de leurs films. Donc, c’est quand même assez intéressant.
En tant que vice-président également de la Fédération internationale des archives du film (FIAF), diriez-vous que la France se situe en bonne position quant à la sauvegarde, la restauration et la valorisation de son patrimoine cinématographique?
Je crois non seulement qu’elle est en très bonne position mais, en plus, je pense qu’on peut d’abord se réjouir d’avoir des Français cinéphiles. Je viens de voir, avant de quitter Paris pour venir à Helsinki, les derniers chiffres du CNC sur le nombre d’entrées : il y avait encore une hausse de 12 pour cent par rapport à la semaine dernière et de 24 pour cent par rapport à l’année dernière. Donc, on ne peut que se réjouir que les Français aillent au cinéma. Les cinémathèques ont également un public régulier, important. Par exemple, le deuxième festival Lumière 2010 qui s’est tenu à Lyon, mis en place par l’Institut Lumière depuis l’année dernière, a réuni un nombre de spectateurs hallucinant ; ils ont fait salle comble, refusé des spectateurs, y compris sur des films de Raymond Bernard, cinéaste français oublié qui a commencé au muet pour terminer au parlant dans les années 50. Donc, c’est quand même réjouissant par rapport au public. Pour ce qui est de la politique menée par le CNC, je crois qu’on peut s’en réjouir aussi puisqu’il y a toujours un soutien par rapport à la conservation, la préservation du patrimoine, et non seulement en termes de conservation par rapport à la construction de nouveaux bâtiments de stockage, mais aussi en termes de restauration et de valorisation des collections, de mise à la disposition du public de l’information et des collections de films restaurés par les Archives françaises du film. Je pense qu’on est vraiment dans le peloton de tête. C’est vrai qu’il faut comparer ce qui est comparable, mais quand on voit nos collègues étrangers, la situation est toujours différente selon les pays : il y a ceux où il n’y a pas d’argent pour sauver le patrimoine, ceux où le patrimoine cinématographique voire la culture passe au second plan, et puis d’autres pays dans lesquels on fait des coupes sombres dans les crédits de la culture. Ainsi, en ce moment à Londres, le British Film Institute n’a plus les moyens de mener sa politique de conservation, de restauration et de valorisation de ses collections. Et puis il y a des petits pays aussi qui ont du mal à tenir, et ce sont souvent des personnes seules, isolées qui tiennent à bout de bras leur cinémathèque : je pense au Chili, à l’Argentine, au Mexique, à des pays comme ça. L’Algérie, ce n’est même pas la peine d’en parler. C’est aussi en fonction des choix politiques. La Tunisie, l’Afrique noire, tous ces pays ont des situations catastrophiques, et il n’y a pas de politique patrimoniale. Donc, c’est vrai que nous faisons, avec un très fort soutien de l’Etat, un peu figure d’extra-terrestres dans cet univers de 150 ou 180 archives de films dans le monde. Mais ce soutien, il répond à une demande aussi du public. Et j’ai bien l’impression qu’il y a également un public cinéphile en Finlande. Je dois dire que je suis assez surpris par la réussite du séminaire qui s’est tenu ici. Etant donné la programmation, les heures auxquelles passent les films, les sujets des films, en français sous-titrés, on a quand même du public. Et je trouve que c’est extrêmement valorisant pour l’archive et pour le pays.
Vos collections s’enrichissant de plus de deux mille films par an – avec un total aujourd’hui de 100 000 –, pensez-vous qu’à terme les AFF pourront stocker indéfiniment toutes les copies de sorties de films sur le territoire français ?
On construit des bâtiments pour ça… Je ne vais pas parler technique, mais on a un bâtiment qui s’appelle le Z4 et qui est en train d’être terminé. Ce bâtiment va nous permettre, d’une part, de tenir pendant plusieurs années, et d’autre part, le désherbage (terme employé en archivistique) de nos collections est un élément important puisque, ayant beaucoup accumulé pendant quarante ans, il va nous permettre d’en recevoir d’autres. Je pense que ce travail est nécessaire ; il existe dans toutes les archives quelles qu’elles soient, et pas seulement de films. La Bibliothèque nationale a, notamment, effectué ce travail sur des collections d’ouvrages, et ils ont pu ainsi se séparer d’exemplaires en double, en triple voire en quadruple et les envoyer dans des bibliothèques en province, ce qui leur a permis d’accueillir de nouvelles collections. Donc, je pense qu’il n’y a aucune raison d’être inquiet. Mais c’est vrai qu’on ne pourra jamais recevoir la totalité du cinéma français passé non plus, puisque les 100 000 titres que nous avons correspondent à un million de bobines. Il faut savoir que dans les laboratoires français il existe à peu près 8 à 9 millions de bobines (films français et étrangers) – qui ne sont donc pas chez nous dans nos collections – qui sont plus ou moins bien conservées… ou stockées, parce que le mot « conservation » dans les laboratoires n’est pas vraiment, je pense, le terme le mieux approprié. Mais nous avons un projet, un objectif même que l’on va lancer début 2011 et qui va être de recenser, d’inventorier et d’analyser physiquement, dans un premier temps, tous les longs métrages français conservés dans les laboratoires. Ce travail a déjà été fait chez nous à Bois d’Arcy. C’est une sorte de fiche ADN du film qui permet de connaître l’état chimique, physique du matériel. Si je prends l’exemple de « L’armée des ombres » présenté dans le cadre de ce séminaire, il rentre complètement dans ce que je dis. A savoir qu’on a fait un état physique et chimique du négatif original de « L’armée des ombres », et c’est là qu’on s’est aperçu que le négatif était endommagé. On a du mal à imaginer comment le négatif d’un chef-d’œuvre du cinéma français de 1969, donc relativement récent, a pu être aussi endommagé et avoir son négatif dans un état d’instabilité chimique. C’est assez incroyable et inquiétant, car ce n’est pas un film muet de 1912 ! Bien évidemment, tous les films ne sont pas dans cette situation, mais on s’est dit que lancer un programme d’inventaire chimique, physique de longs métrages français est maintenant indispensable dans les laboratoires. Nous allons donc établir une sorte de fiche ADN qui nous permettra de voir si certains films ont un besoin urgent d’intervention. Puis on travaillera sur d’autres collections, et ensuite les courts métrages.
Y a-t-il encore des découvertes possibles ou bien a-t-on localisé en France comme à l’étranger tous les films appartenant au passé cinématographique de la France ?
C’est une très bonne question. On continue de retrouver des choses encore chez des privés – il y a toujours des producteurs, des distributeurs, des réalisateurs indépendants qui ont gardé chez eux des originaux –, et puis ce tissu incroyable qu’est la FIAF permet aux cinémathèques du monde entier de s’enrichir mutuellement. Ainsi, nos collègues étrangers ont la chance de retrouver parfois dans nos collections des films qu’ils considéraient perdus dans leur pays, et inversement. Nous-mêmes, nous pouvons retrouver des films français que nous n’avons jamais répertoriés et que l’on retrouve au Portugal, en Italie, en Nouvelle-Zélande, en Allemagne, etc. C’est la communauté des cinémathèques et des archives, et je pense qu’on peut répondre, sans faire d’erreur, qu’on n’a pas tout retrouvé et qu’on a encore des chances de retrouver des choses que nous considérons perdues. D’ailleurs, dans quelques semaines, nous allons commencer à mettre sur notre site Internet une liste des films français perdus afin que nos collègues peut-être cherchent dans leurs collections. Un exemple tout récent : nous avions dans nos collections un documentaire français très important de 1928, un film d’avant-garde intitulé « Les halles centrales », réalisé par Boris Kaufman. Pour nous, ce film durait 10 minutes. Or nos collègues de l’archive de Berne, en Suisse, ont trouvé une copie de 23 minutes. On s’est tout d’abord dit que ce n’était pas possible. Mais ils nous l’ont envoyée et, chose incroyable, on s’est retrouvés devant un chef-d’œuvre d’avant-garde qui dure bien 23 minutes, en très bon état, conservé depuis des dizaines d’années dans une archive à Berne. Donc, moi, je reste toujours optimiste.
A l’instar de Moscou qui n’a remis aux Archives françaises qu’une partie des films de propagande sous l’Occupation, y a-t-il encore beaucoup de documents et films français localisés et non récupérés de l’étranger ?
A propos de Moscou… Les relations sont très curieuses, très difficiles avec les Russes. On change toujours d’interlocuteur, et puis c’est donnant-donnant. Bien que nous ayons été spoliés d’abord par l’occupant nazi qui a récupéré ces archives et les a gardées à Berlin, et que les Soviétiques les aient récupérées par la suite, cela ne gêne en rien les autorités russes actuelles. Et, comme je le disais, c’est donnant-donnant, c’est-à-dire que nous devrions payer pour des archives qui nous appartiennent, ce que nous ne pouvons pas faire, et puis même ce serait une sorte de sacrilège… je trouve ça scandaleux. Donc, la situation est totalement bloquée. Il ne s’agit, du reste, pas seulement de films mais aussi d’archives papier, puisque la Bibliothèque nationale ou les Archives nationales françaises n’ont toujours pas récupéré l’ensemble des archives qui sont conservées dans les bunkers russes. Donc, la situation est malheureusement bloquée à l’heure actuelle, et on n’a aucun moyen de pression. Ailleurs, les autres collaborent, en général, sans aucun problème. On a des accords d’échange et, dans l’ensemble, ça se passe toujours bien avec nos collègues étrangers.
Combien d’années a requis la réalisation du projet de sauvegarde, restauration et valorisation des films de propagande sous l’Occupation ?
On a travaillé sur ce programme, je dirais, bien cinq ans. Le temps de trouver les archives, d’identifier les collections, de les restaurer, de les revoir pour bien les renseigner, car il y a l’importance aussi de bien renseigner au niveau documentaire ces films, de bien savoir de quels films nous parlons, de bien les situer dans cette production complexe, comme je l’ai expliqué, entre production de zone influence allemande et zone Vichy et puis, après 1942, productions qui se mélangent un peu et dans lesquelles il y a un peu d’interaction. C’est quand même assez complexe. On peut dire que ce travail que j’ai mené avec Jean-Pierre Bertin-Maghit nous a tout de même coûté cinq bonnes années. Un travail au long cours…
Quels sont vos grands projets dans un avenir plus ou moins immédiat ?
Le projet d’inventaire, que j’ai cité tout à l’heure, fait partie des grands projets à venir, et puis le numérique aussi. C’est la réflexion et la mise en place d’un nouveau dépôt légal des films en numérique. Cela fait 40 ans maintenant, et le temps est venu de réfléchir sur les années à venir. Et puis notre élément, ce sont les conditions d’accès parce qu’il est important de partager notre travail, ce qui n’était pas possible il y a encore 10 ou 15 ans pour des raisons politiques, techniques voire aussi de volonté interne. Et je pense qu’on va devoir, aujourd’hui, réfléchir à la mise à disposition du public autrement que par la seule voie du film 35 mm, par la seule voie de la consultation dans un lieu privilégié et envisager peut-être une mise en ligne pour la consultation de ces films gratuitement, sans téléchargement, en fonction, bien évidemment, de nos budgets, de nos collections. C’est tout un travail à mener. Mais ce qui est important, dans le fond, c’est qu’il y ait un retour et de ne pas travailler dans le vide. On doit susciter de la recherche scientifique, la réflexion sur la mémoire nationale, sur l’esthétique. Je pense qu’à l’heure actuelle tout est noyé sur Internet par une accumulation d’informations et la facilité pour les jeunes générations à avoir accès à tout et n’importe comment. Je pense que c’est important qu’ils se remettent en cause et qu’ils essayent de réfléchir à la valeur de ces documents, à leur place, à leur vérité.
Quelles sont les plus grandes satisfactions de votre métier ?
Mes plus grandes joies, elles sont simples. C’est quand je viens ici, par exemple, et que je vois une salle où se sont déplacées des générations différentes pour voir des films, assister d’abord à un séminaire sur des films de propagande de l’Occupation, écouter des interventions sur le patrimoine, la conservation, la restauration, la mémoire… quand je vois le public, justement, venir assister à des projections de films comme ça, je me dis que c’est formidable de ne pas avoir travaillé pour rien, et ça me donne envie de poursuivre le chemin que j’ai choisi. Par ailleurs, voir un film restauré, c’est extraordinaire. L’exemple de « L’armée des ombres » est pour moi un exemple extrêmement touchant. J’ai d’autres exemples comme « Quelque part quelqu’un » de Yannick Bellon qui est un film qui m’a bouleversé et qui me bouleverse toujours. Aussi bien la restauration du film que le message du film, que le travail mené avec la cinéaste sur la restauration du film et le fait de savoir que le film continue de vivre et de susciter ce qu’il suscite auprès des jeunes générations, pour moi c’est très émouvant. Pour ce qui est de « L’armée des ombres », j’ai travaillé avec le chef opérateur du film, Pierre Lhomme, à la restauration de ce film, et c’est un bonheur de voir qu’il est diffusé à la télévision, sur le câble, en DVD. Quand j’ai le DVD entre les mains, quand j’assiste à une projection sur écran d’une version quasi inédite et sublime de ce film, je me dis que c’est formidable de faire ce métier. Et je ne remercierai jamais assez mes parents de m’avoir offert un Ciné Max à l’âge de 5 ans, parce que cela m’a donné la passion du cinéma.
Propos recueillis par Aline Vannier-Sihvola
à Helsinki, le 26 octobre 2010.
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