Stéphane Goudet, critique et historien du cinéma, réalisateur, maître de conférences à l’université Paris-I, directeur du cinéma Art & Essai « Le Méliès » à Montreuil, considéré avec ses 6 salles comme le plus grand cinéma public d’Europe, était invité à la 32e édition du Festival du film du soleil de minuit (Sodankylä – 14-18 juin 2017) pour conduire une Master Class sur « Jour de fête » de Jacques Tati dont il est un éminent spécialiste. La projection était suivie d’un documentaire de Stéphane Goudet, « A l’américaine », qui fait partie d’une série de films d’analyse réalisés par ce dernier sur chacun des films de Jacques Tati, excepté « Trafic ».
Spécialiste de Jacques Tati s’il en est, vous semblez être déjà venu en Finlande en 2010 dans le cadre d’une rétrospective Jacques Tati et d’un séminaire à la cinémathèque Orion de Helsinki.
C’est exact. A cette occasion, en effet, j’avais pris la parole à un séminaire que nous animions ensemble avec Peter von Bagh à la cinémathèque Orion.
Par contre, c’est sans doute votre première fois au Festival du soleil de minuit de Sodankylä, bien que vous sembliez être aussi un spécialiste d’Aki Kaurismäki. En effet, on peut lire dans la revue Positif de novembre 2002 un article que vous avez écrit sur la filiation Kaurismäki/Murnau, en l’occurrence respectivement pour les films « L’homme sans passé » et « Le dernier des hommes ».
Je vais, du coup, raconter une blague. J’ai fait un long entretien avec Kaurismäki sur son rapport à l’histoire du burlesque à l’occasion de ma précédente visite en Finlande en 2010. Cela a été un moment formidable parce qu’on m’avait expliqué qu’il allait peut-être me consacrer trois minutes du fait qu’il était en fin de montage de son film « Le Havre », et que ça pouvait, du coup, être très, très court. En fait, on a commencé à parler ensemble de Tati, de Chaplin, de Keaton, et c’était tellement bien que j’en ai profité pour lui demander de glisser un petit mot pour les spectateurs du futur cinéma de Montreuil. Il a complètement joué le jeu. Il est allé chercher des accessoires pour se mettre en scène et, à un moment, il m’a dit : « Tiens, je vais te faire un cadeau. Si tu veux, tu me filmes à la table de montage ; je suis en train de finir le film. » Et, du coup, je l’ai accompagné une partie de l’après-midi et j’ai ainsi pu filmer Kaurismäki en train de finir vraiment la toute première version définitive du « Havre » dans ses bureaux de production. Je dois dire que c’était un moment un peu magique. C’est vrai que j’aime beaucoup son cinéma, mais c’est lié, entre autres, à une Finlandaise… cette même Finlandaise qui, du reste, m’amène ici, à ce festival. Je faisais, en effet, une thèse sur Tati à l’époque, à la Sorbonne et, pendant ce temps-là, une jeune Finlandaise, Satu Kyösölä, faisait une thèse sur Kaurismäki. On avait tous les deux le même directeur de thèse et il confondait les deux noms, car avant de faire une thèse sur Tati, je faisais un DEA sur Kiarostami. Et entre Kaurismäki et Kiarostami, je pense que jusqu’à la fin il n’a pas réussi à prononcer le nom de l’un sans le mélanger au nom de l’autre. Donc, ça donnait du Kiarosmaki ou du Kauristami, à peu près n’importe quoi. Et, du coup, cela a contribué à nous rapprocher, sachant qu’il y a effectivement un rapport au burlesque, mais aussi à d’autres formes de cinéma qui me sont chers, notamment « Le dernier des hommes ». Et, effectivement, Kaurismäki est un cinéaste que je suis de très près.
Quel est votre film préféré d’Aki Kaurismäki et quelles en sont les raisons ?
Je sais que j’avais été très impressionné par « L’homme sans passé » dans la dernière période, mais il y a beaucoup d’autres films que j’aime vraiment beaucoup… Mais celui-là, pour moi, c’était vraiment un petit bijou, au sens où il y a une espèce de rigueur extrême, où je n’ai strictement rien à enlever dans la conduite du récit, dans l’ordonnancement des plans. Le film m’avait vraiment beaucoup impressionné : l’idée de la table rase liée à l’amnésie dans le film et, du coup, à la reconstruction du personnage ; j’avais trouvé l’idée extrêmement belle. Je ne l’ai pas revu depuis sa sortie, mais j’ai le souvenir de l’avoir mis dans mon top 3 des meilleurs films de l’année. Donc, je pense que si je le revoyais aujourd’hui, je continuerais de penser que c’est un des plus beaux films de Kaurismäki.
Comment avez-vous été amené à vous intéresser de très près au cinéma ? Quel a été votre parcours ? Et comment êtes-vous rentré dans cette institution qu’est la revue Positif ?
Je me suis intéressé très tard au cinéma, c’est-à-dire que je n’ai eu aucun rapport au cinéma réel pendant mon enfance et mon adolescence. En fait, c’est en classe prépa que j’ai eu mon premier choc avec le film cité tout à l’heure, c’est-à-dire « Le dernier des hommes ». Il a vraiment fallu que j’attende de faire des études supérieures à Paris pour commencer à me dire que ça pouvait être intéressant d’aller au cinéma. Et voilà, j’ai eu, comme ça, deux ou trois chocs consécutifs : pour le cinéma de patrimoine, c’est vraiment ce film-là de Murnau et, quasiment en même temps, il y a eu « Le décalogue » de Kieslowski comme film contemporain. Tout à coup, je me suis dit qu’il fallait s’intéresser de plus près au cinéma et, au lieu de suivre des classes préparatoires de façon un peu traditionnelle et assidue, j’ai estimé que, de temps en temps, voir un Renoir était plus important que de passer un examen blanc. C’est donc comme ça que j’ai fini par aller beaucoup au cinéma. Et pourquoi la revue Positif ? J’ai eu, en fait, une passion intense et infinie pour Kiarostami en découvrant ses films. Du coup, j’ai commencé à le pister quand il venait en France ou, du moins, pas loin de la France, et à me rendre dans les festivals où il allait pour le rencontrer. Et j’ai ainsi fait sa rencontre dans un tout petit festival de cinéma jeune public à Laon, en France, et là, au bout d’un quart d’heure de conversation, il s’est arrêté et m’a dit : « J’ai l’impression qu’on a des choses à se dire, mais la traductrice n’arrive pas à comprendre… et puis, elle n’a pas vu mes films. Je pense qu’on devrait continuer, mais à Paris. » Et à Paris, il m’a accordé deux heures d’affilée. Et c’est ainsi qu’on a commencé une série de douze ou treize entretiens au total, à se voir presque sur chaque film. Et j’ai envoyé ces tout premiers entretiens que j’ai faits avec lui aux Cahiers du cinéma et à Positif, un peu guidé par un prof de fac qui était Charles Tesson. Ce dernier m’a dit que les Cahiers pouvaient être intéressés, mais que sinon il y avait Positif en face, et que c’était possible aussi. Et Positif m’a dit tout de suite qu’ils le publiaient. Donc, je suis rentré un peu sans avoir vraiment à faire de choix entre les deux. Cette absence de choix m’ayant, par ailleurs, après servi à publier mes bouquins aux Cahiers du cinéma puisqu’à Positif il n’y avait pas d’édition… en essayant d’éviter cette espèce de vice français qui est de devoir sans cesse choisir sa chapelle.
Vous étiez devenu un interlocuteur privilégié de Kiarostami.
Je le suis devenu vraiment par pure passion, en fait, et avant qu’il n’ait eu cette formidable carrière qu’on lui connaît par le biais du Festival de Cannes et d’autres festivals. Donc, c’est juste parce je crois avoir fait un des premiers entretiens sérieux sur « Close Up ». C’est un film qui m’avait fasciné et on avait commencé à démonter ensemble la façon dont le film fonctionnait sur le rapport documentaire/fiction, vrai/faux. Et c’est donc ce point d’accroche-là qui a fait que Positif s’est dit qu’il y avait là quelque chose qui n’avait pas encore été dit et qui méritait peut-être publication.
A quel moment et pourquoi votre choix s’est porté sur cette grande figure du cinéma français qu’est Jacques Tati ? Qu’est-ce qui vous a tout particulièrement fasciné en lui, dans son cinéma ?
Là aussi, c’est un choc vraiment, et dans des circonstances un peu particulières, dans le cadre d’un festival qui n’existe plus, qui s’appelait « Cinémémoire » et qui se déroulait dans des lieux qui n’étaient pas des cinémas mais des lieux plus événementiels. En l’occurrence, cela se passait à l’Opéra Bastille, en 1992, et il y avait une présentation de la version restaurée de « Playtime » en 70 mm. Je me suis rendu compte que c’était très officiel quand j’ai réalisé que, par hasard, je me trouvais derrière le rang des officiels et que, devant moi, était assis Scorsese avec, à ses côtés, Costa-Gavras. Je me suis dit alors que, si Scorsese était là – et, qui plus est, on m’avait expliqué que Scorsese avait pris son jet privé juste pour voir cette séance parce qu’il ne pouvait pas rater la séance unique de « Playtime » en 70 mm –, ça devait être un moment important. Et, en fait, je me suis pris une gifle énorme. C’est-à-dire que j’ai trouvé que le film était dément, passionnant, fou, et je suis sorti vraiment en disant aux gens que je pensais que ma vie venait de changer. Je ne savais pas ce qui s’était écrit sur le film, peut-être que tout avait été dit, mais c’était tellement important pour moi que ça valait le coup de creuser. Et un copain qui dirigeait une salle qui s’appelait « Jacques Tati » en Seine-Saint-Denis, à Tremblay-en-France, m’a dit qu’il connaissait la fille de Jacques Tati, puisqu’elle était venue pour l’inauguration. Il s’est proposé de la contacter, de lui dire que j’étais passionné par le film et que peut-être il y avait des choses à faire sur un plan universitaire. Donc, il a monté ce rendez-vous et la fille de Tati, Sophie Tatischeff, m’a alors dit qu’ils étaient en train d’exhumer les archives de son père, qu’ils les récupéraient de la cave de la Garenne-Colombes, qu’ils les entreposaient là et que, progressivement, ils les triaient. Elle s’est proposée de me montrer deux ou trois choses et puis, que si ça m’intéressait je pouvais faire un travail autour de ces archives. Et là, elle m’a sorti des trucs dingues : des scénarios inédits, des carnets de gags, des dessins de la main de Tati. Et quand je suis sorti de ce rendez-vous, mon sujet venait de changer : je passais du cinéma iranien au cinéma français, et à Tati en particulier.
Quel est pour vous son meilleur film ou, du moins, celui que vous préférez ?
Alors ça, ça change. En fait, j’ai fait des documentaires sur chacun de ses films, sauf « Trafic », ce qui d’ailleurs me frustre un peu. Et donc, chaque fois que je travaillais de façon très spécifique sur un des films, même ceux dont je pouvais penser a priori qu’ils étaient un peu plus faibles, je finissais par me dire que c’était quand même un film immense. Donc, je n’arrive pas à hiérarchiser vraiment. Je vois bien que « Parade » est un peu plus faible, mais j’ai quand même tenu à faire un film dessus pour le revaloriser, puisque j’avais le choix entre « Trafic » et « Parade » pour le tout dernier. Et après, entre « Jour de fête », « Les vacances de Monsieur Hulot », « Mon Oncle » et « Playtime », pour moi ce sont tous des chefs-d’oeuvre, vraiment… ce qui ne veut d’ailleurs pas dire que les films soient parfaits. Je peux citer des plans, des scènes où, tout à coup, il y a un truc qui ne fonctionne pas, mais ce n’est pas grave. Le mouvement d’ensemble est tellement extraordinaire, c’est d’une invention tellement forte que ça importe peu. Le film autour duquel ma thèse était articulée, c’est « Playtime » à cause de ce choc que j’ai vécu et puis parce que pour moi c’est le plus fou, le plus ambitieux.
Vous êtes actuellement directeur artistique du cinéma « Le Méliès » à Montreuil. Comment passe-t-on de la critique de films à leur exploitation en salles ?
De façon très fluide parce que, pour moi, c’est un peu la même chose. C’est-à-dire que je vis cette activité-là comme une continuation du geste critique. Il y a des films que j’aime vraiment et, du coup, j’ai envie de les faire aimer par le plus grand nombre, de provoquer la rencontre entre le film et les spectateurs, et si possible entre les spectateurs et l’auteur du film. « Le Méliès » était une salle qui marchait bien, qui était intéressante, qui était déjà réputée au moment où j’y suis arrivé en 2002, mais il n’y avait qu’un débat par mois, parfois tous les deux mois, et je me suis dit que ce n’était pas un rythme très dense. Pour le coup, ça invalidait un des gros atouts de cette salle qui est à portée de vol de Paris – on est à 15 minutes de Nation –,ce qui fait qu’il n’y a pas de frais de logement des invités parce qu’ils retournent tous à Paris. Donc, très vite, j’ai développé l’accroissement du nombre de rencontres jusqu’à trois par semaine en moyenne toute l’année et, du coup, c’est devenu une logique. C’est Arnaud Desplechin qui m’avait dit ça un jour : « La meilleure façon de faire exister un cinéma dans ce type de lieu, c’est de faire un festival permanent. » Et donc, on est un peu dans cette logique-là. La semaine dernière, il y avait 5 invités sur les 5 premiers jours de la semaine. Et comme la salle tourne bien, puisque sur la première année d’activités complète sur le nouveau lieu (inauguré en septembre 2015 – NDLR), avec maintenant 6 salles au lieu de 3, on a dépassé les 300 000 entrées, ce qui est pour un cinéma Art et Essai une très bonne fréquentation, du coup les distributeurs ont tendance à nous proposer les cinéastes et on n’a pas beaucoup à se battre pour les obtenir. Maintenant, on a des atouts conjugués : il y a du monde devant les films et les réalisateurs pour les rencontres, les gens restent longtemps puisque les rencontres durent en général plus d’une heure, et on a une qualité d’échange liée, peut-être, en partie à l’animation, mais aussi au fait que les spectateurs, du coup, sont vraiment formés à ce qu’on peut attendre d’un échange entre un réalisateur et un public, ce qui fait qu’en général, maintenant, les cinéastes demandent à revenir dans la salle. Donc, c’est un vrai bonheur. On a une liberté totale de programmation parce que les entrées font que les distributeurs nous accordent tous les films et on a quasiment une liberté d’invitation dès lors qu’on est dans les créneaux disponibles pour les cinéastes en question. Donc, c’est un endroit extraordinaire.
Vous animez personnellement à chaque fois toutes les rencontres ?
Non, j’ai réussi à collectiviser davantage et heureusement… sinon je ne pourrais pas être ici, d’ailleurs. Il y a quand même des rencontres en mon absence. Disons que j’en anime les deux-tiers, et j’ai une super équipe qui prend le relais quand il faut.
Parlez-nous plus concrètement des atouts du « Méliès » sur ce nouveau lieu.
L’attrait du nouveau lieu, inauguré en 2015, a fait que très vite les gens ont eu envie de voir comment c’était. Et donc, ils y sont venus et revenus parce que le lieu est vraiment réussi : c’est beau, c’est agréable, les sièges sont confortables, la qualité de projection est exceptionnelle. Donc, on a beaucoup d’atouts, en fait, grâce au financement public. C’est le plus grand cinéma public d’Europe… le second de la ville. Il y a 6 salles qui sont entièrement gérées sur des fonds publics – au départ de la ville, puis de la communauté d’agglomération –, c’est vraiment unique. Là, on a enchaîné une série de cinéastes asiatiques (coréens, japonais, etc.) qui nous disent qu’à Séoul et Tokyo ce type de lieu n’existe pas. Ça n’existe pas dans des capitales décisives ! Parce que c’est 6 salles entièrement dévouées, dédiées à l’amour du cinéma et au cinéma Art et Essai dans lequel il peut y avoir, certes, des incursions de gros films très populaires mais, enfin, le coeur de la ligne, c’est le cinéma Art et Essai. On passe 85 pour cent de films recommandés Art et Essai. C’est très largement majoritaire. Ce n’est pas en nombre de films mais en nombre de séances, alors que les blockbusters ont tendance à prendre un peu de place sur une grille. Donc, du coup, le nombre de séances est encore plus significatif du fait que la ligne de la programmation, c’est vraiment le cinéma Art et Essai.
Un petit rappel des faits par rapport à votre arrivée et votre engagement à la direction du « Méliès ».
J’ai été nommé directeur en 2002. J’ai eu aussitôt un poste à la Sorbonne comme maître de conférences ; donc, on a trouvé un accord avec l’université et le cinéma pour que je devienne directeur artistique et qu’on recrute un programmateur – qui a changé trois fois depuis, mais le binôme a toujours fonctionné comme ça. En 2012, une crise est apparue avec la maire Dominique Voynet qui m’a viré en 2013, mais je suis revenu mi-2014 après un long combat collectif.
« Le Méliès », depuis votre arrivée et, donc, après une période chaotique, semble jouir maintenant d’une bonne réputation au sein du réseau des salles de cinéma labellisées Art et Essai. En quoi consiste un cinéma Art et Essai et en quoi diffère-t-il des autres cinémas ?
Ça consiste à montrer le meilleur du cinéma et avec, pour nous, une affirmation qui est : le meilleur du cinéma quel que soit le budget de production et de promotion des films. C’est-à-dire que nous programmons à deux avec Marie Boudon, qui est la programmatrice du cinéma – c’est vraiment un binôme –, et que nous voyons donc quasiment l’intégralité des films qui sortent, aussi bien des films de patrimoine et répertoire que des films contemporains. Et on choisit ceux qui, pour nous, sont les meilleurs par mois, puisqu’on a une programmation qui couvre systématiquement cinq à six semaines. Cela veut dire qu’on n’a aucune limite, pas plus du côté du blockbuster réussi que du côté du petit film slovaque qui a été peu vu et qu’on a envie de défendre. Et donc, ça consiste aussi à affirmer la nécessité, pour que ce type de lieu existe, d’un geste de personnalisation de la programmation, d’affirmation d’un choix – il y a des films qu’on ne prend pas du tout parce qu’ils nous tombent des yeux et dont on n’a pas envie, même s’ils marchent partout ailleurs, et il y a des films dont on sait qu’ils ne vont pas marcher mais qu’on a envie de défendre. Du coup, le maître mot, et c’est peut-être ça qui distingue « Le Méliès » d’un cinéma commercial et d’un multiplexe à fortiori, c’est le mot « éditorialisation ». On est un cinéma très fortement éditorialisé et ça passe par plein de choses : ça passe par la programmation, mais ça passe aussi par la présence d’un journal qui fait 32 pages et qui décrit toute la programmation film par film, par des éditoriaux personnalisés qui sont des partis pris sur la programmation en cours. Et tout ça fait que, avec les rencontres très régulières, avec l’invention d’un lieu nouveau où il y a à la fois un restaurant/café, mais où il y a aussi un espace bibliothèque qui accueille, entre autres, des lycéens venus réviser leur bac et qui, à la fin, pour se gratifier eux-mêmes finissent par aller voir un film en bande, ça contribue à créer l’esprit d’un lieu et à faire en sorte que ce soit vivant et pas du tout cloisonné à l’inverse de la caricature que certains cinémas Art et Essai peuvent donner qui est le lieu pour nantis, le lieu de l’entre-soi. Nous, notre pari, c’était d’ouvrir sur l’ensemble de la population et que tout le monde s’y mêle, parce qu’il n’y a pas tant d’espaces publics qu’une population entière peut investir, où elle peut échanger, où elle peut dialoguer pendant une heure. Hors période électorale, il n’y en a même quasiment pas. Les cafés servaient à ça mais, aujourd’hui, ils sont de plus en plus masculins et ont un public de plus en plus vieillissant. Donc, pour moi, les salles de cinéma doivent être ce creuset-là aussi. Il y a une fonction sociale et culturelle, et c’est aussi une fonction sociale et politique.
Travaillez-vous en collaboration avec des écoles ? Quelles sont les séances spéciales que vous proposez ?
Oui, bien sûr. Il y a tous les dispositifs d’éducation à l’image qui existent en France : Ecole et cinéma, Collège au cinéma, Lycéens et apprentis au cinéma, plus un dispositif qui existe depuis vingt ans au « Méliès » qui s’appelle « Voyage dans la lune » et qui est sur le hors temps scolaire pour faire en sorte que les enfants puissent venir voir des films avec les parents. Il y a même une formule Ciné-bébés où les mères et pères viennent voir des films avec de très jeunes enfants, alors que l’on sait que dans les premières années, quand même, on a tendance à moins aller au cinéma. Donc, on prend en charge tous les âges de la vie.
Quels sont les fonds attribués et par qui ?
Comme je le disais précédemment, ce n’est plus la municipalité, c’est la communauté d’agglomération. C’est un établissement public territorial, maintenant ça s’appelle comme ça. Mais, au départ, le projet était effectivement municipal. En fait, c’est Dominique Voynet qui l’a refilé à la communauté d’agglomération, mais, du coup, ça collectivise les dépenses et les recettes.
Pouvez-vous nous citer quelques-uns des invités de marque que vous avez reçus ?
Il y a eu Wes Anderson, qui a baptisé une salle et qui a, donc maintenant, une salle à son nom au « Méliès ». Abel Ferrara, qui est venu plusieurs fois. Oliver Stone, aussi. Chez les réalisateurs français : Bruno Dumont, Claude Chabrol, Agnès Varda, qui a également une salle qu’elle a baptisée l’année dernière. Ruben Östlund, qui a eu la Palme d’or cette année ; on l’a déjà fait venir sur les films précédents, et on espère bien qu’il va revenir avec sa Palme. On a fait venir beaucoup d’Asiatiques ; en fait, c’est une de mes spécialités. On a accueilli la réalisatrice japonaise Naomi Kawase, le réalisateur taïwanais Tsai Ming-Liang. On a fait venir aussi Hong Sang-soo. Donc, le principe, c’est vraiment un principe de diversité. Plus c’est différent et étonnant et incongru, et plus ça nous plaît. Là, par exemple, on vient d’accueillir Volker Schlöndorff et Barbet Schroeder la semaine dernière. On a Cédric Klapisch lundi soir, à mon retour.
Devez-vous prendre en compte certains critères d’exigence du public, du marché ? Quelle est la part de films français dans la programmation ?
La part des films français est assez importante parce que le public Art et Essai traditionnel est, en fait, très cinéma français, sur ce qu’on appelle l’Art et Essai porteur. Donc, oui, il y a une part importante de films français. Mais cela dit, on a maintenant une salle Europa Cinémas, donc ça veut dire qu’on passe un certain quota de films européens non français qui nous vaut une gratification financière de l’Association Europa Cinémas, et donc, de l’Europe, en réalité. Et, par ailleurs, on est très ouverts au cinéma asiatique, puisque c’est une de mes tasses de thé. Et donc, on a accueilli plein de très grands cinéastes asiatiques dont je me suis demandé longtemps en tant que critique où ils allaient quand ils venaient en France – Wang Bing, Tsai Ming-Liang, Naomi Kawase. Donc, je suis très fier qu’on les ait accueillis devant un public fourni, nombreux, et qu’on soit, du coup, un point de référence potentiel pour qu’il y ait une rencontre avec notre public et ce type de cinéastes-là.
Est-ce que le public a changé ?
Avant, on avait 180 000 entrées par an et maintenant on en a 300 000 (en fait, le cinéma « Le Méliès » vient de franchir les 500 000 entrées depuis l’ouverture en septembre 2015 – NDLR), et on ne fait pas tout ce qu’on fait pour faire en sorte que les gens viennent trois fois plus au cinéma. On fait ça parce qu’il y a plus de gens différents. En fait, on commence une nouvelle enquête sur la sociologie, la composition de notre public, mais on sait qu’on rayonne plus sur Paris et on sait que les villes environnantes viennent plus aussi. Et puis, il y a bien sûr Montreuil, où on a gagné aussi des spectateurs.
Comment faire face à la multiplication des multiplexes ?
C’est une question nationale, pour le coup. On a eu, dans l’histoire, des conflits multiples. Il y a eu un conflit avec UGC, MK2 pour empêcher l’existence de ce cinéma agrandi parce qu’il était municipal. Donc, ils ont attaqué au tribunal administratif pour concurrence déloyale et abus de position dominante et, au terme de deux/trois ans de conflit, y compris après le soutien de très nombreux cinéastes (160 cinéastes – 14 Palmes d’or), ils ont fait marche arrière, enlevé leur recours parce qu’ils savaient probablement qu’ils allaient perdre. Donc, il y a eu un vrai conflit avec les circuits sur une logique petit cinéma indépendant contre multiplexe. Aujourd’hui, je ne pense pas qu’UGC irait sur ce terrain-là de la concurrence parce que notre programmation est tellement différente et Karmitz a les yeux tournés ailleurs et, du coup, il accepte et tolère notre existence. Donc, c’est plus serein avec les grandes sociétés d’exploitation.
Etes-vous directement affecté par la diversification accrue d’autres supports de diffusion comme les DVD, la VOD – d’autant que les délais en copies VOD et vidéo après leur sortie en salles ont été considérablement réduits ?
Pas tant que ça, parce que lorsqu’on a imaginé le projet de nouveau cinéma, notre obsession, c’était de dire qu’il fallait tout faire pour que les gens ne restent pas chez eux pour voir des films et, par conséquent, qu’il fallait évidemment proposer une qualité extrême de diffusion et de confort des salles. Donc, on a été hyper vigilants sur l’écartement des fauteuils, la répartition dans l’espace, etc. Et, du coup, les gens viennent parce que c’est quand même mille fois mieux de voir un film au cinéma dans de bonnes conditions, notamment sonores, que de rester chez soi dans son canapé. Donc, nous, on n’a pas d’impact du développement du home vidéo et de l’ensemble des supports de téléchargement, etc. En tout cas, moins que d’autres salles. Evidemment, nationalement, le piratage crée des dégâts, c’est incontestable. Mais, là, on va de nouveau peut-être franchir les 200 millions de spectateurs par an sur l’ensemble du territoire français. Alors, si on se reporte à il y a dix ans où tout le monde disait que c’en était fini des salles, que tout le monde allait rester chez soi… En fait, non, les gens ont envie de sortir.
Quel est votre sentiment face à l’évolution technologique, face au numérique ?
Je continue à trouver un charme réel à montrer des films en 35 mm parce qu’on a gardé deux projecteurs 35, et on fait de temps en temps des projections en 16 mm de films qui n’existent pas sur d’autres supports. N’empêche que je suis allé montrer « Playtime » à Singapour il y a quinze jours et, franchement, j’aurais fait ça il y a vingt ans, je me serais retrouvé avec une copie dans un état épouvantable, rayée de partout, virée. Là, la projection était magnifique parce que c’est du numérique et parce que c’est du DCP. Donc, aujourd’hui, je vois très clairement les avantages de cette nouvelle technologie plus que les inconvénients sur la perte de matières qui faisaient la singularité du cinéma argentique.
Avez-vous encore des souhaits que vous aimeriez réaliser pour votre cinéma ?
Il y a des choses, par exemple, qu’on ne peut pas faire en plus. On ne peut pas faire plus de rencontres qu’on en fait aujourd’hui. C’est déjà vraiment un peu dingue. Mais j’ai lancé en début d’année une Université populaire du cinéma qui marche très bien, qui a, du reste, marché tout de suite, mais j’aimerais lui donner une autre ampleur, peut-être la faire sur plusieurs salles et la régulariser encore plus. Ce sont donc des cours de cinéma d’une heure à une heure et demie après la diffusion d’un film. Ça existe déjà dans d’autres lieux, je n’ai rien inventé. En fait, je suis intervenu ces dernières années, en tant que conférencier, dans les deux endroits qui m’intéressent le plus, à savoir la Cinémathèque de la Ville de Luxembourg et le cinéma Jean Eustache, à Pessac, près de Bordeaux. C’est en 2010 que François Aymé a créé l’Université populaire du cinéma, là-bas, à Pessac… c’est extraordinaire. C’est 340 personnes chaque jeudi soir, à 18 heures, et je me disais qu’il fallait tenter la même chose au « Méliès ». Personne ne le fait plus à Paris parce que tout le monde se dit qu’il n’y aura pas assez de monde. En tout cas, pour les tout premiers rendez-vous qu’on a eus, on n’a jamais fait moins de 120 personnes, un lundi soir, à 18 heures. On a même fait présenter – et, pour le coup, c’était vraiment du luxe –, un film complètement inconnu de Duvivier par Wes Anderson et, on a fait 400 personnes dans deux salles différentes. C’était inouï. Bien évidemment, on ne peut pas avoir ça toutes les semaines mais, en tout cas, ça m’intéresse vraiment de garder à l’esprit cette perspective-là et de la développer. Par ailleurs, comme nos rencontres sont quand même assez souvent exceptionnelles et parfois un peu magiques, un de mes projets serait de les filmer vraiment et de diffuser certaines d’entre elles dans d’autres lieux grâce à Skype. C’est un projet qui me tient vraiment à coeur et j’aimerais bien qu’on y arrive. On va, du reste, faire notre première rencontre Skype pendant que je suis ici. Donc, ce n’est pas moi qui m’en occupe, et on verra si ça fonctionne.
Maître de conférence à l’université, directeur de cinéma, critique, également réalisateur de documentaires sur Jacques Tati [dont, ici, « A l’américaine » qui suivra la projection de « Jour de fête » dans le cadre de la Master Class que vous conduisez au Festival de Sodankylä], trouvez-vous encore le temps de vous consacrer à l’écriture d’ouvrages sur le cinéma ?
Ecrire des livres, non, mais c’est aussi pour des raisons circonstancielles. J’ai écrit des livres sur Tati, sur l’histoire de la revue Positif et le dernier en date sur Buster Keaton. Donc, en fait, j’ai fait trois livres aux Cahiers du cinéma et l’éditrice qui était absolument formidable, Claudine Paquot, qui avait une multitude de projets, est décédée d’un cancer en 2011 et je n’ai pas trouvé de relève. Je n’ai pas beaucoup cherché mais mes projets d’édition étaient tous liés à elle, et elle me portait, me stimulait. Le bouquin qu’on a fait avec François Ede sur « Playtime », c’était un projet dingue, par exemple. Qu’un éditeur, tout à coup, dise qu’on va faire un album de luxe sur un film de Tati que personne n’a plus vu parce qu’il va ressortir en salles ; qu’on soit convaincu que les gens vont être intéressés ; qu’on se donne vraiment le temps d’y travailler pour qu’il soit un objet très particulier et que, donc, il puisse y avoir des doubles pages grand format avec juste des photos de films : c’est un pari dingue. Le livre est épuisé ; le film a fait 200 000 entrées à sa sortie, ce qui n’existe jamais sur un film de répertoire. Que quelqu’un puisse prendre ce genre de risque, c’est incroyable. J’ai écrit à un éditeur il n’y a pas longtemps, lui parlant de deux projets dont un livre d’analyse de films qui, en fait, prolongeait un livre, que moi j’aime beaucoup, de notre maître commun avec Satu Kyösölä, Jean-Louis Leutrat. Il avait fait un livre d’analyse qui s’appelle « Kaléidoscope » et, pour moi, c’est un des plus beaux livres de cinéma qui ait été écrit et je m’étais dit que je pourrais m’inspirer de ce modèle-là pour produire un livre d’analyse. L’éditeur m’a aussitôt dit que ça ne se vendrait pas, qu’on ne pouvait pas publier ça. Je suis convaincu, pour ma part, que dans les universités, en tout cas, on pourrait tout à fait accepter ce type de projet, que ça ne coûte pas très cher et qu’en réalité on pourrait se voir pour en parler. Donc, oui, j’ai assez envie de reprendre l’écriture mais il faut un peu de temps. En fait, j’ai repris, il n’y a pas très longtemps, l’écriture de critiques et d’entretiens dans Positif. Du coup, ça ne m’a pas libéré du temps. Mais mon actualité la plus chronophage, ça reste quand même « Le Méliès » à Montreuil parce qu’il fallait porter la naissance de cette nouvelle salle, faire en sorte que l’équipe tienne le coup.
Au nombre de toutes vos activités dans le domaine cinématographique, laquelle privilégiez-vous aujourd’hui ? Quels sont vos projets ?
En tout cas, mon activité prochaine à la rentrée sera, j’espère, d’accompagner le documentaire sur la lutte des spectateurs et de l’équipe dans le conflit contre la mairie parce que j’aimerais qu’on aille jusqu’au bout et que ce soit réussi. Pas le film, parce que maintenant je l’ai vu et je suis convaincu que c’est réussi, mais je voudrais qu’il ait une existence réelle. C’est un vrai film sur l’amour du cinéma, parce que quand même cette équipe s’est réunie, a tenu bon parce que c’était le cinéma. Donc, ça raconte vraiment quelque chose de cet art un peu magique et puis, c’est un vrai film politique sur comment, tout à coup, un collectif, qui est non seulement l’équipe mais, aussi, une espèce de noyau dur de 150 à 200 spectateurs, tient la dragée haute à un pouvoir, qui est en l’occurrence la mairie, pendant un an et demi pour imposer le retour d’une équipe dont il ne veut pas qu’elle parte. C’est un truc assez unique et qui gagne à la fin… qui gagne et qui perd, car, en l’occurrence, on a perdu un de nos membres. Le film est aussi, en ce sens, assez tragique et bouleversant pour nous, mais on a commencé à le montrer à des gens qui n’étaient pas du tout au courant de l’affaire et, visiblement, il les touche beaucoup. On commence à discuter avec les tout premiers distributeurs. J’ai écrit au distributeur qui, moi, me paraît le plus approprié en France, et si lui va dessus, ce sera énorme. Mais, voilà, on trouvera peut-être un tout petit distributeur ou peut-être qu’il faudra l’auto-distribuer par le biais d’une structure plus associative. En fait, l’inconvénient de départ, puisque le film a été bloqué dans des commissions pour ce motif-là, c’est la question de savoir si ce n’est pas trop franco-français, montreuillo-montreuillois. Pour ma part, je pense vraiment que c’est un film qui parle de ce que c’est que l’engagement, qui fait un point sur le rapport que l’on peut avoir au travail, au collectif et qui pose vraiment des questions universelles, en fait, à partir d’un cas très précis.
Propos recueillis par Aline Vannier-Sihvola
Sodankylä, le 14 juin 2017
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JACQUES TATI : L’INTÉGRALE / THE ULTIMATE COMPLETE COLLECTION
L’oeuvre intégrale du cinéaste tant attendue dans une édition de référence, avec copies restaurées et bonus de qualité.
Coffret DVD / Blu-Ray / VOD
Contenu du coffret 7 DVD (6 DVD de 6 longs métrages avec bonus + 1 DVD de 7 courts métrages)
(En vente sur Internet et dans la boutique Filmihullu – Kamppi , Helsinki)
(Jacques Tati – The Ultimate Complete Collection -boksi on myynnissä nettikauppojen lisäksi Filmihullu-leffakaupassa – Kamppi, Helsinki )
Jacques Tati on yksi ranskalaisen elokuvan suuruuksista ja eräs elokuvahistorian merkittävimmistä visionääreistä. Lempeää huumoria taidokkaaseen kerrontaan ja terävään yhteiskuntakritiikkiin yhdistänyt Tati on saanut miljoonat ihmiset ympäri maailman vaikuttumaan – ja hymyilemään.
Tati loi ainutlaatuisen maineensa 6 pitkällä ja 7 lyhyellä elokuvalla. Tatin kirjoittamat, ohjaamat ja näyttelemät hahmot, postimies Francois ja kömpelö herra Hulot, ovat samalla viivalla Buster Keatonin, Ohukaisen ja Paksukaisen sekä Charlie Chaplinin kulkurihahmon kanssa. Hauskat hahmot toimivat myös terävän kritiikin airuina. Tatin tarkkanäköiset huomiot modernisoituvasta Ranskasta ja toisen maailmansodan sirpaleista itseään uudelleenrakentaneesta Euroopasta ovat aina lämpimän huumorin pehmentämiä.
Huom! Kokoelma sisältää 6 elokuvaa, 7 lyhytelokuvaa ja 22-sivuisen filmografian!
LES FILMS LONGS MÉTRAGES
JOUR DE FÊTE
Lystikäs kirjeenkantaja • Fest i byn
1949 version restaurée • B/W • 1.37
1 h 23 • Mono
BONUS A l’américaine / American Style, film d’analyse de Stéphane Goudet • 78 min
LES VACANCES DE MONSIEUR HULOT
Riemuloma Rivieralla • Semestersabotören
1978 version restaurée • B/W • 1.37
1 h 24 • Mono
BONUS Beau temps, vent léger / Good Weather, Light Wind, film d’analyse de Stéphane Goudet • 38 min
MON ONCLE
Enoni on toista maata • Min onkel
1958 version restaurée • Couleur • 1.37
1 h 50 • Mono
BONUS Tout communique, Tout est beau / Everything is Beautiful, Everything Communicates, deux films d’analyse de Stéphane Goudet • 51 min et 52 min
PLAYTIME
1967 version restaurée • Couleur • 1.78
1 h 58 • Dolby Digital 5.1
BONUS ABC Tempo – Tativille • 25 min • Like Home, film d’analyse de Stéphane Goudet • 18 min • Séquences commentées par Jérôme Deschamps et Stéphane Goudet • 13 min + 13 min
TRAFIC – LIIKENNE
1971 version restaurée • Couleur • 1.37
1 h 33 • Mono
BONUS Trafic International, interview deJonathan Romney, critique de cinéma • 14 min
PARADE
1974 version restaurée • Couleur • 1.37
1 h 25 • Mono
BONUS En piste / In the Ring, film d’analyse de Stéphane Goudet • 28 min
COURTS MÉTRAGES
– ON DEMANDE UNE BRUTE
Etsitään kovanaamaa • Råskinn sökes (1934), 23 min
– GAI DIMANCHE
Rattoisa sunnuntai • Munter söndag (1935), 20 min
– SOIGNE TON GAUCHE
Harjoittele vasenta koukkuasi • Träna upp din vänsterkrok (1936), 12 min
– L’ÉCOLE DES FACTEURS
Kirjeenkantajien koulu • Skolan för brevbärare (1946), 15 min
– COURS DU SOIR
Iltakurssi • Kvällskursen (1967), 27 min
– DÉGUSTATION MAISON
Talon erikoisuus • Husets specialitet (1976), 13 min
– FORZA BASTIA (1978/2000), 26 min
BONUS Les leçons du professeur Goudet / Professor Goudet’s Lessons, analyse du cinéma de Jacques Tati par Stéphane Goudet et Simon Wallon-Brownstone • 31 min
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