Pekka Lanerva est le directeur artistique du Festival international du film de Helsinki – Amour & Anarchie qui vient de célébrer, du 14 au 24 septembre, sa 30e édition. A cette occasion, la programmation a offert quelque 180 longs et 200 courts métrages (au total plus de 500 projections) au public qui était une fois de plus au rendez-vous et n’a pas manqué de remplir les salles obscures. En effet, on a dénombré au terme des onze jours du Festival plus de 60 000 entrées. Le Festival s’est clôturé avec « The Square », Palme d’or du dernier Festival de Cannes 2017, du réalisateur suédois Ruben Östlund (sortie en salles à Helsinki le 17.11.2017).
Au nombre des invités de cette 30e édition, Thierry Frémaux, directeur de l’Institut Lumière de Lyon et délégué général du Festival de Cannes, venu présenter son premier film « Lumière ! » (*), 108 films de 50 secondes signés des pionniers du cinéma, en hommage à l’oeuvre des frères Lumière. Egalement présents au Festival, le réalisateur français Gilles Bourdos avec son dernier film « Espèces menacées », ainsi que deux cinéastes français habitués du Festival Amour & Anarchie, J. F. Ossang avec « 9 doigts », film noir d’anticipation, et Jean-Michel Roux dont le dernier essai cinématographique en finnois « Pohjolan Enkeli » (L’Ange du Nord) était présenté en avant-première lors du Festival, dans le cadre de la célébration officielle du centenaire de la Finlande (sortie en salles à Helsinki le 14.11.2017).
Trente ans se sont écoulés depuis la 1ère édition du Festival Amour & Anarchie. Comment tout cela a-t-il commencé et d’où vient le nom du festival ?
Le nom du festival vient du film de Lina Wertmüller qui a été présenté lors de la 1ère édition du festival « Film d’amore e d’anarchia ». Moi et mes copains, qui du reste travaillent encore pour le Festival, nous n’étions pas dans la première édition qui s’est déroulée en 1988. C’est à Kulttuuriyhdistys Image, qui était une organisation très active à l’époque et qui avait lancé aussi le magazine « Image », que revient l’initiative du Festival. Comme il y avait beaucoup de photographes au sein du magazine, ils ont voulu faire un numéro spécial sur le cinéma, notamment sur Derek Jarman, et c’est alors qu’ils ont pensé qu’ils pourraient, dans le même temps, montrer les films de Jarman. Comme ils voulaient aussi d’autres films, ils ont pensé à une cinéaste femme, assez controversée, Lina Wertmüller. Au total, la programmation comportait une quinzaine de films. Une rétrospective de chaque auteur. On a, du reste, continué un peu le style rétrospective pendant quelques années, mais graduellement on a laissé ça au Festival de Sodankylä et surtout à la Cinémathèque. Tout s’est donc très bien passé lors de cette 1ère édition ; le public est venu en nombre et peut-être que c’était aussi le bon moment de faire ça. Ils ont pensé alors faire une 2e édition l’année suivante et c’est là qu’ils m’ont contacté, de même que Mikka Siltala, Matti Paunio et Eija Niskanen. On a alors continué avec ce Kulttuuriyhdistys pendant quelques années et, en 1993, on a racheté le titre pour nous et on a commencé notre propre société. C’était au début un passe-temps pour nous tous. Chacun de nous avait son propre travail et ne recevait pas d’argent du Festival. Tout ce qu’on gagnait, on le réinvestissait dans le festival suivant. Puis, le Festival s’est petit à petit développé, et on a commencé de recevoir un peu d’argent pour les voyages car, auparavant, je me rendais à des festivals comme Londres ou Berlin à mes frais. Dans les années 90, on a commencé à avoir un peu plus d’argent dans l’organisation et comme les films d’auteur semblaient intéresser les gens, on s’est engagés aussi dans la distribution avec Cinema Mondo. On a commencé avec quelques films de Takeshi Kitano et des films d’auteur français, qui sont devenus plus tard la tradition de Cinema Mondo. Et puis, nous avions aussi notre propre salle de cinéma à Museokatu : « Cinema ». Plus tard, dans les années 2000, vu qu’il y avait beaucoup à faire avec le Festival et autant avec la distribution, on a décidé que Mikka gérerait la distribution et moi, le Festival. Et c’est à partir de ce moment-là que c’est devenu un emploi à plein temps.Quel est votre parcours ? Comment est né votre intérêt pour le cinéma ?
C’était pour moi un passe-temps. J’aimais, par ailleurs, beaucoup la musique mais comme je n’ai jamais appris à jouer d’un instrument, il ne m’a pas été possible de créer un groupe. J’ai même rêvé un temps d’avoir un magasin de disques. J’en ai discuté avec des amis mais, finalement, ça ne s’est pas fait. A l’époque, j’étudiais la littérature à l’université et je lisais beaucoup, aussi sur le cinéma. J’allais à la cinémathèque pour voir les films et j’étais membre d’un club de cinéma. Il y avait à Helsinki trois clubs, entre autres Savoy, Formia (aujourd’hui Kino Palatsi) dont j’étais membre, et j’essayais d’aller y voir un maximum de films. C’est un peu comme ça qu’est né mon intérêt pour le cinéma.
Vous semblez affectionner beaucoup le cinéma français. Outre la langue française – que vous maîtrisez fort bien –, qu’est-ce qui vous attire plus particulièrement dans les films français ?
Bien sûr, mon intérêt pour les films français est venu en partie du fait que je connaissais un peu la langue et, maintenant, c’est surtout parce que la France est le premier producteur de films en Europe. A l’échelle mondiale, il y a bien sûr les Etats-Unis et puis il y a les compagnies asiatiques, japonaises et tout ça, mais en Europe, c’est la France.
Beaucoup de films sont produits en France mais, selon vous, est-ce que la qualité est là ?
Oui, selon moi, même si ça varie, les films demeurent de très bonne qualité. On a réduit aujourd’hui un peu les possibilités mais, pendant les années 90, c’était totalement exceptionnel qu’il y ait en Europe un pays qui vraiment donne de l’argent aux jeunes réalisateurs pour faire leur premier film. C’est ainsi qu’il y a eu tant de gens qui ont commencé à la même époque comme Claire Denis, Olivier Assayas, Luc Besson, Jean-Jacques Beineix, Leos Carax, et d’autres. Ils ont tous obtenu de l’argent pour réaliser leur premier film. Après, c’était bien sûr difficile et certains ont fait d’autres choses. En tout cas, il y a beaucoup de nouveaux talents qui sortent de France encore. Ce n’est plus aussi facile parce qu’il n’y a pas tellement d’argent, mais c’est quand même quelque chose qui fonctionne très bien.
Combien de films visionnez-vous chaque année ? Pour cette 30e édition, combien de courts et longs métrages avez-vous sélectionnés ?
C’est à peu près le même nombre que l’année dernière, soit 170 longs métrages et quelque 190 courts métrages. Et c’est resté comme ça sur plusieurs années.
Y a-t-il un maximum ?
On ne peut guère aller au-delà de 200 films. Et cette année aussi, on a dû laisser des films ; ce sera toujours comme ça parce que Helsinki ne peut pas absorber davantage de spectateurs. Je dirais même que, dans chaque sélection, il y a des films qui ne trouvent pas un public, et ce n’est pas parce qu’ils ne sont pas très bons, mais tout simplement parce qu’il y a tellement de films qu’il faut en sacrifier certains pour en voir d’autres. En ce qui concerne le nombre de films visionnés, si on en sélectionne 200, cela veut dire qu’on en aura visionné environ 600. Pour ma part, je visionne beaucoup de films que je regarde seulement une demi-heure. Par contre, si c’est un film qui a été en compétition dans un festival ou dont j’ai entendu parler positivement, je le regarde en entier parce que, quelquefois, la première demi-heure ne plaît pas, mais il se peut que des talents se révèlent par la suite. Par exemple, « Espèces menacées » de Gilles Bourdos, au début j’ai pensé que c’était assez banal, qu’il n’y avait rien de nouveau, et puis après, quand les histoires ont commencé à s’entremêler, j’ai pensé que le film avait une autre dimension et une certaine fluidité dans la narration et la façon de traiter l’évolution des personnages. J’ai beaucoup aimé le film et je pensais que ce n’était pas uniquement pessimiste. Le film possède une certaine qualité qui est complètement différente des films américains. Si on prend, par exemple, le mari violent, on pouvait voir qu’il y avait chez lui cette ambiguïté, un mélange de violence et de douceur. Et cela rend cette question encore plus complexe et montre aussi très visuellement – et c’est là la grande interrogation – pourquoi les femmes ou les hommes restent dans cette relation qui est violente ou répressive.
Vers quel genre de films vous êtes-vous tourné pour cette 30e édition ? Quels grands thèmes avez-vous dégagés ? Le festival penche-t-il plus cette année du côté anarchie ?
Il y a quand même tellement de films qu’on ne peut pas dire ça. On peut voir 30 voire même 40 films pendant le Festival si on est très assidu, et on peut choisir uniquement des films anarchiques ou alors voir que des films romantiques. Peut-être que cette année les films qui nous ont impressionnés étaient des films assez pessimistes et politiques, ce qui montre que les réalisateurs sont aussi assez concernés par la situation ambiante et les événements qui en découlent, et ils veulent commenter tout ça. Il y a tous les problèmes des réfugiés, et ça se voit dans plusieurs films, les problèmes des gens qui viennent d’Afrique en Europe. Et il y a aussi des films d’Afrique qui montrent quelle est vraiment la situation sur place et pourquoi tous ces gens ont fui. C’est la raison pour laquelle il y a un peu plus de films assez durs et réalistes, et peut-être même pessimistes, que les autres années, mais on ouvre toutefois le Festival avec un grand film d’amour « Call Me by Your Name » de Luca Guadagnino (*). En cours de Festival, il y a le film de Yorgos Lanthimos « The Killing of a Sacred Deer » (*), un film plein d’anarchie, je pense, et très dur, et puis le film de clôture du Festival est « The Square » de Ruben Östlund (*), la Palme d’or du Festival de Cannes 2017, qui se trouve être un film à l’humour très caustique.
Devez-vous prendre en compte certains critères d’exigence du public, du marché, au regard d’événements politiques, économiques, climatiques, etc. ?
Si on veut aussi faire plaisir à notre public, parce qu’il y a beaucoup de gens qui veulent voir, par exemple, des films de science-fiction, on choisit en fonction de leurs souhaits, comme des films fantastiques, des films d’animation. Et aujourd’hui, je pense que la qualité des films d’animation est très bonne. Nous avons sélectionné pour cette édition un film anglais, un film français (« Zombillénium »), un film japonais, et d’autres. Alors, c’est varié et de très bonne qualité. Il y a aussi des films de science-fiction, des films d’horreur… il y a tous les genres.
Quels sont les fonds attribués au Festival ? Quels sont les partenariats ?
On a surtout un partenariat avec YLE, parce qu’YLE représente presque uniquement les chaînes de télévision qui montrent encore des films, beaucoup de films. C’est surtout des films de qualité, pas uniquement des films commerciaux. Il faut dire que les autres chaînes ont cessé totalement de montrer des films autres que des films commerciaux, qui sont plutôt américains ou locaux. Et puis, il y a un partenariat avec UPS, qui est une grosse entreprise postale. Entre le ministère et l’argent public qui vient de la ville de Helsinki, cela correspond à peu près à un tiers du budget du Festival, et le reste c’est la vente des billets et les sponsors commerciaux. Nous avons un partenariat également avec les ambassades qui nous aident à faire venir des réalisateurs, des acteurs, etc. Cette année, il y a une trentaine de films français, mais chaque année c’est à peu près la même chose. Avec les films italiens, espagnols, allemands, anglais, ça varie beaucoup d’une année sur l’autre, et pas dans les mêmes proportions que les films français. Par ailleurs, il y a beaucoup d’argent français que l’on retrouve dans les films allemands, mais aussi anglais. Par exemple, le film de Ken Loach « Moi, Daniel Blake » qui a reçu la Palme d’or à Cannes 2016 et remporté le César du Meilleur film étranger 2017 est un film en partie financé par la France, parce que les autres pays n’ont pas le même système, pas les mêmes possibilités que le France en matière de financements. Par ailleurs, presque tous les films africains que l’on montre sont financés par la France. Et maintenant, il commence aussi un peu à y avoir des coproductions avec l’Allemagne.
Le public finlandais est un public cinéphile et le festival rassemble chaque année un public fidèle, curieux et toujours plus nombreux. Est-ce que, selon vous, le public est en train de changer ?
Je vieillis un peu mais le public reste jeune ! Non, ça ne vieillit pas tellement. Il y a beaucoup de gens qui viennent depuis des années. Maintenant, bien sûr, ce ne sont plus des étudiants, ils ont une famille, un travail, et c’est plus compliqué pour eux d’aller au cinéma. Les étudiants constituent donc la plupart du public, mais il y a aussi beaucoup de retraités, des gens assez âgés quand même. Toujours est-il qu’ils viennent en nombre. Et comme cette année c’était la 30e édition, on a décidé de ne pas augmenter le prix du billet, qui est donc identique à celui de l’année dernière.
Avez-vous conservé cette initiative, lancée en 2011, d’offrir au public étranger, voire non finnophone, des films finlandais avec des sous-titres anglais ?
Oui, bien sûr, ça continue, notamment avec les films finlandais de la catégorie intitulée « Finnhits ». Il y a, en fait, surtout beaucoup d’étudiants qui voudraient savoir de quoi les autres parlent, ce qui se passe. Et à ce propos, il y a aussi un certain public – pas tellement cinéphile – qui vient chez nous pour voir des films parce qu’ils sont intéressés par la culture japonaise, italienne, par la langue et c’est pour ça qu’ils viennent. C’est, en fait, une grande proportion… C’est aussi de cette façon qu’on travaille avec les ambassades pour joindre les gens qui habitent ici, qui peut-être ne suivent pas forcément ce qui se passe au cinéma mais qui sont intéressés par la culture.
Quel regard portez-vous sur le cinéma finlandais, et tout particulièrement sur les nouvelles créations cinématographiques ?
Chaque année, il me semble qu’il y a des nouveaux films qui sont toujours un pas en avant. Par exemple, j’aime beaucoup le film « Ikitie » (*) de AJ Annila parce que c’est un film historique qui traite un sujet historique adapté d’un livre d’un écrivain très populaire, Antti Tuuri. Auparavant, on faisait des films basés sur ses écrits mais de façon très traditionnelle. Par contre, AJ Annila, cinéaste plutôt versé dans le fantastique ou les films de genre, apporte une certaine visualité qui n’existait pas tellement dans les films finlandais, et cela m’a beaucoup impressionné. C’est un film qui est vraiment beau à voir. Quelques films au petit budget comme « Rendel » (*), c’est toujours intéressant parce qu’il y a tellement de bonnes idées, mais peut-être faudrait-il un scénario un peu plus élaboré. Il y a aussi, par exemple, « Viraali » qui est sorti il y a quelques mois mais totalement oublié, et que je conseille vraiment de voir. Ceux qui ont fait ce film ont travaillé un peu comme des indépendants, et c’est très ambitieux même si ce n’est peut-être pas réussi tout le temps. Par ailleurs, il y a, comme cela a toujours été le cas, de bons documentaires. Au nombre des réalisateurs qui font l’actualité cinématographique, il y a les incontournables comme Klaus Härö, Dome Karukoski qui est très bon, par exemple, pour faire des films qui surmontent les barrières linguistiques, Aku Louhimies, Jalmari Helander, de son côté, Aki Kaurismäki, bien sûr, et puis Timo Vuorensola qui a fait « Iron Sky », Juho Kuosmanen pour « Olli Mäki » (Prix de la section Un certain regard – Cannes 2016, N.D.L.R.). Donc, il y a beaucoup de talents et de bons scénarios.
Quels sont vos cinéastes préférés ?
Il y en a tellement ! Par exemple, Luca Guadagnino, qui fait l’ouverture du Festival avec « Call Me by Your Name » ; j’ai toujours aimé ce cinéaste qui avait fait précédemment un film totalement différent avec « Bigger Splash ». Il me semble que c’est un réalisateur assez inattendu, et il peut être très fort dans tous les genres. Et ça, c’est toujours intéressant. Et puis, le cinéaste grec Yorgos Lanthimos qui progresse tout le temps.
Et chez les cinéastes moins contemporains ?
Là aussi, il y en a plein. Je regarde beaucoup, bien sûr, les vieux films français, ceux de Renoir, mais je dirais que c’est surtout Godard qui m’a beaucoup intéressé. Je ne sais pas si on peut dire qu’il a fait de bons films, peut-être que « Le mépris » est le seul que l’on pourrait qualifier de très bon film, mais sinon il a fait des essais… Godard voulait essayer toutes sortes de choses, et il a continué de faire des essais tout le temps ; il continue encore, du reste, et c’est même quelquefois assez agaçant. J’ai vu « Adieu au langage », son dernier film en 3D, et c’était quasiment impossible à regarder tant il y avait de superpositions d’images et de sons, de textes et d’histoires différentes. Le Festival Amour & Anarchie montre plutôt des films qui défient les conventions, des films de genre assez originaux comme le film allemand « Tiger Girl » qui est assez drôle, mais on peut trouver parfois des choses assez ambigües aussi. On touche pas mal de registres, en fait.
Comment obtenir des invités de marque ? Cette année, par exemple, vous accueillez Thierry Frémaux, délégué général du Festival de Cannes et directeur de l’Institut Lumière. Comment vous y êtes-vous pris pour le faire venir ?
C’est toujours extrêmement difficile. C’est surtout que la période n’est pas bonne. Il y a eu le Festival de Locarno, après il y a eu Venise et maintenant il y a Toronto. Le Festival de Toronto devient chaque année plus important. S’il y a Cannes au début de l’année où les gens essaient de vendre leur film, vers la fin de l’année il y a le grand festival de Toronto où tout le monde se rend. Carpignano est là, Lanthimos aussi, tout le monde est là. Et Toronto se termine une semaine avant la fin du Festival Amour & Anarchie. Alors, ils viennent ou ils ne viennent pas. Et souvent de grands réalisateurs comme Ruben Östlund ou Yorgos Lanthimos se rendent à Toronto pour montrer leur film et peut-être ils y restent (?). Eux-mêmes ne le savent pas forcément. Il se peut qu’un studio américain leur propose quelque chose, et ils vont ensuite à Los Angeles où ils restent une semaine pour discuter, pour montrer le film, etc. C’est pour ça que c’est très compliqué. Mais quelquefois on réussit à les faire venir, comme cette année, on a eu cet acteur danois, Pilou Asbaek, qui est vraiment très connu maintenant. Pour ce qui est de Thierry Frémaux, le fait qu’on distribue le film en Finlande facilite sa venue, car pour lui c’est très important de soutenir la distribution du film. Il essaie vraiment d’aller dans tous les pays qui sortent le film commercialement. Il est très pressé, bien sûr, et ne reste pas longtemps, un jour seulement pour continuer le lendemain sur Hambourg.
Au fil des ans, le catalogue du Festival s’est épaissi et enrichi des commentaires, des opinions de nombreux auteurs. Parlez-nous de cette équipe qui travaille dans les coulisses auprès de vous pour préparer le catalogue et le Festival.
C’est un groupe d’une vingtaine de collègues qui voient des films dans les festivals, envoyés par le Festival ou bien pour leur propre intérêt. Par exemple, Kalle Kinnunen est quelqu’un qui, pour son travail, voyage beaucoup. Maintenant, il revient du Festival de Venise où il a vu pas mal de films. Par ailleurs, on commande les liens sur Internet pour voir les films ici et on les répartit entre les collègues. Chacun visionne alors un certain nombre de films et si quelqu’un trouve un film bien, on discute un peu et on prend une décision soit tout de suite, soit je regarde un peu comment ça se présente et on fait le choix après. Mais, quand même, c’est un grand groupe, et j’aime beaucoup ce système parce que, de cette façon, on choisit aussi beaucoup de films qui ne m’intéressent pas forcément personnellement. J’ai d’autres opinions, d’autres goûts qui sont aussi pris en compte dans le Festival, et cela donne ainsi plus de diversité dans la programmation. On a, du reste, fonctionné comme ça depuis pas mal de temps. On a commencé avec quatre personnes – Mika Siltala, Matti Paunio, Eija Niskanen et moi-même – aux idées totalement différentes qu’on a toujours réussi à faire passer dans la programmation du Festival, et on a pensé que c’était bien d’avoir cette diversité. Cette année, par exemple, dans la sélection il y a beaucoup de films que, bien sûr, j’ai approuvés mais que je n’aime pas tellement… qui ne sont pas du tout mon genre. On choisit, bien évidemment, beaucoup de films qui sont sélectionnés dans les autres festivals, mais si un film a gagné un prix, ça ne veut pas dire pour autant qu’on le prendra dans notre festival parce que, quelquefois, ce sont des films qu’on n’aime pas tellement… mais peut-être qu’un autre genre de festival se chargera de les présenter.
Propos recueillis en français
par Aline Vannier-Sihvola
Helsinki, le 12 septembre 2017
(*) Films mentionnés par Pekka Lanerva actuellement ou prochainement en salles à Helsinki :
– « Lumière ! » de Thierry Frémaux (actuellement en salles)
– « Ikitie » de AJ Annila (actuellement en salles)
– « Rendel » de Jesse Haaja (actuellement en salles)
– « The Killing of a Sacred Deer » de Yorgos Lanthimos (sortie le 03.11.2017)
– « Pohjolan Enkeli » de Jean Michel Roux (sortie le 14.11.2017)
– « The Square » de Ruben Östlund (sortie le 17.11.2017)
– « Call Me by Your Name » de Luca Guadagnino (sortie le 19.01.2018)
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