LA TORTUE ROUGE / THE RED TURTLE Michaël Dudok de Wit France / Belgique / Japon (2016), 81 min Film d’animation
Michaël Dudok de Wit, réalisateur néerlandais, est venu présenter ce printemps « La tortue rouge », son premier long métrage d’animation, à l’occasion de la XXVIIIe édition du Festival international du film Espoo Ciné (5-14 mai 2017). Le film raconte les grandes étapes de la vie d’un être humain à travers l’histoire d’un naufragé sur une île déserte tropicale peuplée de tortues, de crabes et d’oiseaux. « La tortue rouge » est un véritable poème cinématographique qui s’impose par sa pureté et son innocence. « La tortue rouge » est une histoire sans paroles, toutefois la bande son est extrêmement sophistiquée, grâce à un mélange étudié de bruitages et de musiques. Célèbre dans le monde de l’animation pour ses deux précédents courts métrages « Le moine et le poisson » (sorti en 1994 – César du Meilleur court métrage en 1996) et « Père et fille » (sorti en 2000 – Oscar du Meilleur court métrage en 2001), Michaël Dudok de Wit n’en a pas moins démérité avec « La tortue rouge », Prix spécial « Un certain regard » au Festival de Cannes 2016 et nommé aux Oscar ainsi qu’aux César 2017 comme Meilleur film d’animation. Outre Isao Takahata (du studio Ghibli – co-producteur du film) qui a prodigué avis et conseils mais a laissé une entière liberté à Michaël Dudok de Wit, le scénario a bénéficié de la contribution de la réalisatrice française Pascale Ferran. Suite à la projection de « La tortue rouge » dans le cadre du Festival Espoo Ciné, une master class a été conduite sur le making of du film par Michaël Dudok de Wit. A l’issue de cette master class, le réalisateur a répondu à quelques questions en français.
Combien de dessins avez-vous réalisés au total et combien en avez-vous gardés pour la version finale du film ? Cela ne fonctionne pas comme ça, car le dessin est décomposé en plusieurs parties. Ce n’est pas comme un dessin qui serait fini à chaque fois. Par tradition, en animation, on dessine bien plus que ce que l’on peut voir à l’écran au final. Une partie énorme de dessins n’est pas retenue et se retrouve en quelque sorte jetée à la poubelle. Au moins 3 fois plus que ce que l’on voit à l’écran. En moyenne, pour ce film d’animation, il faut compter 16 à 18 images par seconde.
Comment se fait-il que, pour l’écriture du scénario, vous ayez requis la collaboration de la cinéaste Pascale Ferran qui n’est pas particulièrement versée dans l’animation ? C’était plutôt pour l’histoire, pour l’adaptation de l’histoire. Elle était fascinée. Pour elle, c’était étonnant de faire le montage avant le tournage. Par ailleurs, elle s’y connaissait en animation. Elle avait vu pas mal de films japonais aussi. En fait, c’est Pascal Caucheteux, mon producteur de Why Not Productions, qui l’a contactée et lui a demandé si le projet l’intéressait. Nous nous sommes alors rencontrés et c’est ainsi qu’a commencé notre collaboration sur « La tortue rouge ».
Comment la France se retrouve-t-elle impliquée dans ce film ? C’est une coproduction surtout franco-japonaise. Il y avait beaucoup d’argent français. La France s’est donc ainsi retrouvée impliquée dans ce film pour deux raisons : il y avait beaucoup de talents et une grande partie du budget était français. Mais on a aussi travaillé sur une partie du film en Wallonie.
Etes-vous dessinateur avant d’être cinéaste ? Dessinateur, je l’étais déjà enfant ; je faisais des petites BDs. En fait, j’aime les deux ; j’aime dessiner mais ça doit aboutir à quelque chose. J’ai étudié l’animation, et c’est seulement en m’attelant à la tâche, par la pratique que j’ai appris le langage du cinéma, le côté narratif.
Aline Vannier-Sihvola Propos recueillis en français –Helsinki, mai 2017
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