Alexandre DereimsAlexandre Dereims, documentariste et grand reporter français, était l’invité du Festival du film documentaire de Helsinki – DocPoint (29.01.-04.02.2018), où il est venu présenter son dernier long métrage documentaire « Nous sommes l’humanité », un témoignage unique et exclusif du peuple Jarawa, les derniers descendants des premiers humains modernes. Les Jarawas auraient quitté l’Afrique il y a 70 000 ans et ne sont plus aujourd’hui que 420. Ils vivent isolés du reste du monde sur les îles Andaman, en Inde.

Invité du Festival du documentaire DocPoint pour présenter votre dernier film « Nous sommes l’humanité » sur le peuple Jarawa menacé d’extinction, est-ce là votre premier contact avec la Finlande ou bien s’est-elle déjà intéressée à vos travaux précédents ?
C’est ma première fois en Finlande, mais YLE (la Radio/Télévision finlandaise – N.D.L.R.) a diffusé un de mes précédents documentaires qui s’appelle « Han, le prix de la liberté » (2009) sur les réfugiés nord-coréens, soit l’exil des Nord-Coréens vers la Corée du Sud à travers l’Asie.

Quel est votre parcours ? Qu’est-ce qui vous a amené à vous tourner vers le cinéma ? Et pourquoi le documentaire plutôt que la fiction ?
En fait, j’ai toujours voulu faire de la fiction et je me suis retrouvé à faire du documentaire. J’ai été longtemps monteur et j’ai monté beaucoup de documentaires pour le cinéma, mais surtout pour la télévision. J’ai monté à peu près tout ce qui se monte, de la fiction aussi, de la publicité. Et puis, comme j’avais envie de réaliser, j’ai décidé de devenir journaliste pour pouvoir faire mes propres films. J’ai commencé en 2002 et, en 2004, j’ai monté ma société de production pour être libre, choisir mes sujets et j’ai fait un premier documentaire sur les Khmers rouges – « Les Khmers rouges, un procès contre l’oubli » (2005) – que j’ai vendu aux Suédois. J’espère toujours faire de la fiction mais, en même temps, je trouve que ce qu’il y a d’extraordinaire avec le documentaire c’est que la matière réelle est toujours, de toute façon, beaucoup plus incroyable que la fiction. Je pense que la fiction devient intéressante quand elle est capable d’intégrer des éléments réels de documentaire. C’est souvent le cas des plus grands films qui ont toujours en eux un petit peu d’âme du documentaire, et c’est ce qui leur donne une valeur supérieure.

Vous avez réalisé huit documentaires depuis 2002. Qu’est-ce qui fait que vous vous engagez dans des projets à hauts risques – parfois à la limite de la légalité – pour défendre à chaque fois des peuples ou des populations en danger ?
En fait, très franchement, je ne suis pas une tête brûlée et je n’ai pas une appétence particulière pour le danger, pour les choses compliquées ou difficiles. C’est le sujet qui me guide, c’est l’intérêt de l’histoire, et puis le fait de pouvoir aussi placer, vendre mes documentaires. C’est un milieu très concurrentiel et c’est très compliqué de vendre, d’être financé, pré-acheté par la télévision. Je pense que si j’avais eu l’occasion de faire des documentaires-découvertes sur les beautés des paysages finlandais et la culture des Lapons, je l’aurais fait parce que j’aime beaucoup le voyage, les cultures du monde et les peuples, mais ça ne s’est pas passé comme ça. Personne ne m’attendait les bras ouverts et j’ai vite compris que pour pouvoir faire des films et les vendre, j’allais devoir choisir des sujets que les autres n’avaient pas faits ou n’avaient pas réussi à faire et qu’il allait falloir prendre des risques. Et c’est ce que j’ai fait avec Claire Beilvert qui est ma productrice et aussi mon épouse. On a choisi des films dont les tournages ont été plutôt difficiles et on a risqué plusieurs fois notre vie. On a souvent tourné sans autorisation, mais le but n’a pas été le danger ou la recherche d’adrénaline, mais vraiment l’histoire en elle-même. Et puis, je suis intéressé par toutes les histoires de peuples, de gens qui se battent pour être libres. Je pense qu’on est tous plus ou moins, en tout cas ceux qui n’ont pas abandonné, dans un combat pour être libres et, en tant que réalisateur, c’est un combat important de pouvoir être libre de ses choix, libre de son montage. Donc, voilà, c’est quelque chose qui résonne en moi et c’est pour ça que j’ai fait des films sur le peuple Karen, les Nord-Coréens, les migrants africains. Quant aux Jarawas, je suis parti sur cette idée de donner la parole à un peuple qui refusait le droit de s’exprimer, de parler mais, chemin faisant, je suis tombé sur une société idéale, merveilleuse et j’ai changé mon fusil d’épaule. J’ai fait un film beaucoup plus contemplatif, même si ce film met en exergue les problèmes qu’ils rencontrent et est là pour faire passer leur message, mais j’ai avant tout voulu décrire leur vie idéale et belle dans un paradis terrestre qui était sûrement la vie des premiers humains il y a très longtemps.

Quelle est l’origine de « Nous sommes l’humanité » ? Comment est né le projet ?
En fait, je connaissais l’histoire des Jarawas depuis 2001. Nous étions allés, ma femme et moi, faire un documentaire sur un rickshaw-wallah, un tireur de pousse-pousse à Calcutta – « La vie d’un intouchable, pousse-pousse à Calcutta » (2002) – et, à l’époque, les îles Andaman venaient de s’ouvrir aux touristes. Donc, après le tournage, nous y sommes allés pour nous reposer et profiter de ces îles où il n’y avait encore personne. On a bien évidemment entendu parler de ces peuples afro-asiatiques, dont les Jarawas, mais il était impossible de prendre cette route qui traverse les forêts. Par ailleurs, ils ne voulaient voir personne. Donc, on n’a pas cherché à passer ou à les rencontrer. Mais cette histoire-là est restée dans ma tête. C’était assez incroyable de se dire qu’il y avait des pygmées africains en Asie qui étaient sans doute un des plus vieux peuples du monde. Et puis, en 2012, j’ai vu passer cette vidéo sur le site du Guardian, vidéo récupérée par un journaliste anglais tournée par un policier indien sur cette route pour le compte d’un touriste et qui encourage les Jarawas à danser en échange de nourriture. Et là, je découvre que cette route, qui avant était uniquement ouverte aux locaux, est devenue une attraction touristique. En fait, les agences de voyage locales vendent le safari photo, un petit peu de frisson pour voir des Noirs présentés comme des cannibales. Ce sont, du reste, des gens assez riches qui font ça, car cela coûte assez cher. Ce sont des avocats, des médecins, des hommes d’affaires, des juges, et il y a aussi pas mal de hauts fonctionnaires à qui l’Etat indien paye le frisson ultime. On a donc vu cette histoire passer dans le Guardian et on s’est dit que la situation avait changé. Par la suite, on a appris, en faisant des recherches, que des Jarawas étaient sortis de leur territoire, s’étaient plaints à la police locale d’enlèvements, de viols, mais que personne n’avait donné suite. C’est alors qu’on s’est rendu compte qu’ils voulaient parler et on s’est dit que s’ils voulaient parler on allait leur donner la parole. On est partis aux îles Andaman, mais on n’avait absolument aucun contact, aucune possibilité de rentrer dans le territoire qui est interdit, patrouillé en permanence par l’armée indienne à pied, par avion, par bateau et qui punit de 7 ans d’emprisonnement toute intrusion, sauf évidemment si vous prenez la route accompagné par une escorte militaire, comme les touristes le font tous les jours, mais là vous n’avez pas de possibilité de parler avec les Jarawas. Donc, on est restés sur l’île jusqu’à ce qu’on trouve quelqu’un. On a eu de la chance ; on a trouvé des gens qui nous ont aidés, des gens qui les connaissent bien, qui parlent leur langue et qui les ont prévenus de notre visite, qui leur ont dit qu’on venait pour enregistrer leur message. Les Jarawas ont accepté et nous sommes rentrés dans ce territoire secrètement, sans autorisation de l’Etat indien mais avec l’autorisation des Jarawas. Nous sommes donc allés là-bas pour avant tout leur donner la parole. C’était la démarche première du documentaire. On a alors fait un reportage pour France 24 – parce qu’on ne parle pas du tout de la route dans le film –, qui est passé sur France 24 il y a un an. Dans ce reportage, on parle de la route, on montre des images de la route et il y a des interviews des Jarawas par rapport à la route. On ne l’a pas mis dans le documentaire parce qu’on veut que le film dure plus longtemps. On pense que la route va être fermée car, après cette histoire de vidéo, la Cour suprême indienne a demandé la fermeture de la route qui a été fermée trois mois. On a pensé que si cette route allait être fermée, ce film pourrait vivre des années parce c’était quand même avant tout le témoignage de ce peuple, et c’est un témoignage unique et précieux.

Comment avez-vous été accueillis, vous et votre équipe – composée de combien de personnes ?
L’équipe de tournage se compose de trois personnes. En fait, très franchement, moins on en parle, mieux c’est. Je ne vais pas dire combien de gens nous ont accompagnés, mais ce que je peux dire c’est que c’est une équipe toute petite. Par ailleurs, les Jarawas nous ont très bien accueillis, d’abord parce qu’ils savaient qu’on venait et, par conséquent, ils n’ont pas été surpris de notre arrivée. Ils nous ont accueillis en chansons parce qu’ils chantent tout le temps. Ils n’ont pas été spécialement surpris. Ils ont vu qu’on était blancs, et ils n’avaient jamais vu de Blancs ni de femme blanche, mais après ils n’ont pas été spécialement curieux de nous, comme on aurait peut-être pu le croire. Ils ont gardé une forme de distance. Finalement, petit à petit, nous nous sommes intégrés jusqu’au point où ils nous ont dit qu’on était devenus leurs amis et qu’on pouvait revenir quand on voulait. On a créé un vrai lien ; on a appris leurs noms, ils ont appris les nôtres.

Combien de temps a duré le tournage ?
On y est allés quatre fois, pas plus de cinq jours à chaque fois, et une fois par an. Donc, en fait, cela a pris quatre ans pour tourner ce film. Le tournage a duré un petit peu moins de vingt jours sur quatre ans. Et on n’a pas toujours retrouvé les mêmes personnes. C’était assez compliqué de les trouver parce qu’ils sont semi-nomades, ils bougent tout le temps et donc, il faut marcher longtemps dans la jungle, en se cachant des avions, des patrouilles. Et puis, il n’y a pas d’électricité, il faut prévoir les batteries, prévoir de quoi tenir, etc.

Quels ont été leurs plus grands étonnements ?
En fait, ils étaient intéressés par ce qu’on avait, mais ils ne manifestaient pas d’étonnements comme on pourrait l’imaginer. Par contre, ils se sont moqués de nous ; c’est sûr qu’on les a bien fait rire. De toute façon, ils passent leur temps à rigoler, à faire des blagues entre eux. Par ailleurs, ils ont un sens de l’observation exceptionnel. Un des Jarawas avait vu Claire avec son appareil photo – un appareil assez complexe – et, après deux jours, il lui a demandé de le lui prêter. Il s’est mis à prendre des photos et, ensuite, il a appuyé sur le bouton pour regarder les photos qu’il avait prises. En fait, c’était nous qui étions étonnés. Et ça détruit beaucoup de clichés, d’a priori qu’on pourrait avoir.

Et comment procédiez-vous pour communiquer avec eux ?
En fait, il y avait une traduction, mais assez globale ; c’est-à-dire qu’on savait de quoi on parlait, on savait un peu ce qu’ils nous répondaient mais, pendant le tournage, les trois quarts du temps on ne savait absolument rien de ce qui allait se passer. Donc, on filmait ce qui se passait, on filmait non stop et puis, quand on arrivait à les réunir pour parler, à ce moment-là, on posait nos questions et nos guides nous disaient de quoi ils parlaient mais pas dans le détail. Après, on a fait une traduction mot à mot pendant plus d’une semaine dans un hôtel avec un des traducteurs et là, on a découvert tout ce qu’ils nous disaient, toutes ces phrases extraordinaires. C’était comme des pépites qu’on découvrait d’un coup. Et ce n’est qu’à ce moment-là qu’on a vraiment fait une traduction très claire, littérale.

Vous bravez les interdits, vous vous mettez souvent en danger. N’avez-vous pas eu peur que cela puisse, à un moment donné, mal tourner ?
D’abord, on prépare vraiment bien nos films. Je fais énormément de recherches de sorte que, quand je suis sur place, j’ai une grosse connaissance du terrain. Quant au danger, il est là mais il faut le gérer. Il y a des moments où c’est un peu à la grâce de Dieu, je dirais, quand on est pris sous des tirs ou quand on marche dans un champ de mines. Comme l’a dit un vieux briscard du journalisme quand j’ai commencé : « La chance est une qualité professionnelle. » Il faut avoir de la chance sinon il ne faut pas faire ce boulot. Et puis, il faut savoir s’arrêter, savoir ne pas aller trop loin.

Beaucoup d’allers-retours en cinq ans, multipliant ainsi les prises de risques. Avez-vous pu sortir et regagner la France à chaque fois avec tout votre matériel ?
En fait, on n’est pas restés seulement une semaine sur ces îles. On est restés presqu’un mois. Mon caméraman m’adore parce qu’une fois le travail terminé, il a passé trois semaines dans un bungalow au bord d’une plage de rêve à faire de la plongée. Et donc, on était bronzés, en T-shirts, en tongs avec une guitare en bois et du matériel de plongée, l’air ravi. Et on est passés dans le flot de touristes à chaque fois, sans problème.

Ce qui se passe avec les Jarawas menacés d’extinction ressemble à ce qui s’est passé avec les Indiens d’Amérique, à ce qui se passe avec les aborigènes d’Australie. Sont-ils conscients des dangers qui les menacent ?
Ils ne sont pas conscients de tous les dangers parce qu’ils ne savent pas tout, mais ils sont conscients que notre monde est dangereux et mauvais. Ils ont suffisamment vu des Indiens, que ce soient les touristes ou les gardes forestiers, pour comprendre qu’ils ne partageaient pas les mêmes valeurs et qu’en effet notre monde était extrêmement dangereux. Je pense que c’est un sentiment qui est partagé par tous les peuples premiers. Ils comprennent que notre monde est différent, dangereux et difficile à appréhender, à comprendre et que surtout on ne leur veut pas du bien même si on est armés des meilleures intentions. Le contact entre notre monde et le monde premier ne s’est jamais bien passé. Il n’y a pas d’histoire heureuse.

« Le monde est mauvais pour nous. », dit l’un d’eux. Mais que connaissent-ils du monde extérieur ?
Ils connaissent la route, ils connaissent les braconniers, les garde-forestiers qui essaient de leur donner de l’alcool, du tabac, qui se moquent d’eux. Ils voient les touristes sur cette route. Il y a ce moment, à la fin du film, où les femmes dansent et elles font la danse du téléphone portable, parce qu’elles ont vu les Indiens avec leur téléphone et donc, elles se moquent d’eux, en fait. Je pense qu’ils trouvent que notre monde est incongru et bizarre, que notre façon d’être n’est pas humaine, pas normale.

Depuis que vous les avez filmés, depuis la fin du tournage, leur situation a-t-elle changé ?
Le groupe que nous avons filmé qui est vraiment très éloigné, visiblement ça se passe encore bien. On sait qu’ils ont quand même été frappés par des braconniers il n’y a pas très longtemps. Quant aux groupes qui sont plus proches de la route, la situation se détériore rapidement. On en a vu qui étaient complètement alcoolisés le long de la route. Il y a eu des braconniers qui sont venus et il y a encore eu des enlèvements. Et puis, on peut lire dans la presse indienne que les Indiens ont décidé de construire une école pour éduquer les enfants Jarawas. Et pour les encourager à venir, ils ont décidé de leur distribuer des bananes. C’est pour vous donner un peu l’état d’esprit des Indiens qui sont à peu près dans le même état d’esprit que celui des Français au début du XXe siècle avec les expositions coloniales. Rien n’a été appris. Actuellement, c’est un gouvernement ultra-nationaliste dont le Premier ministre est quand même sous le coup d’une accusation de crime contre l’humanité. C’est un peu le Front national au pouvoir en Inde, en ce moment. Donc, il ne faut pas non plus attendre grand-chose du gouvernement indien tant que le BJP est au pouvoir, c’est sûr.

Est-ce que le parti pris de ne pas commenter, expliquer, décrire par le biais d’un narrateur ou de textes explicatifs jalonnant le film était un choix de votre part avant le tournage ou bien qui s’est imposé au fil des rencontres avec les Jarawas ?
Je voulais absolument faire un film sans commentaires. Je voulais faire un film pour le cinéma, et pas pour la télévision, pour ne pas être formaté et être obligé de mettre un commentaire. La télévision a horreur du vide. On a peur que si les gens n’entendent pas en permanence une voix qui leur dise ce qu’il faut qu’ils comprennent ou ce qu’ils pensent ils vont zapper. Et c’est absolument insupportable. Nous, ce qu’on a voulu, c’est retranscrire exactement l’expérience qu’on a vécue. L’idée, c’était vraiment d’immerger le spectateur dans le monde des Jarawas tel que nous on avait pu être immergés et surtout pas les sortir de là avec un commentaire, avec un référant qui vient expliquer quoi que ce soit. Le film n’est pas du tout un film anthropologique ; on ne leur a pas demandé comment ils fabriquent leurs outils ; par contre, on leur a demandé comment ils sont tombés amoureux. On a cherché tout ce qui pouvait nous rapprocher d’eux. Le fait qu’ils n’aient pas de croyances, pas de rituels étranges a été assez déterminant. Quand vous voyez souvent des documentaires ou des reportages sur des peuples indigènes, vous avez toujours le moment où le sorcier du village va vous expliquer que cet endroit est tabou, qu’il y a des esprits et, à ce moment-là, on déconnecte et on se dit qu’on n’est pas comme eux, qu’on ne peut pas l’être. Mais là, avec les Jarawas, ce n’était pas du tout le cas. J’ai trouvé qu’on était très proches, très semblables même si notre monde est très différent. Evidemment, ils n’ont pas notre mode de vie, mais il n’y a pas ce côté de croyances mystérieux, de rituels bizarres, de scarifications, de rituels de passage à l’âge adulte. Alors, est-ce dû au fait que c’est une des plus anciennes sociétés au monde ou au fait qu’ils ne sont plus que 400 et qu’ils ont perdu une part de leur patrimoine et de leurs croyances, je serais absolument incapable de le dire. Mais je crois quand même que toutes les études anthropologiques du début du XXe siècle et aussi toute l’appréciation qui a été faite par les premiers explorateurs aux XVIIIe et XIXe siècles, qui étaient tous des gens extrêmement chrétiens, ont, dans l’ensemble, mis une espèce de grille de lecture religieuse sur des comportements sociaux qui étaient peut-être dénués de croyances finalement. En fait, on a tout interprété avec notre filtre religieux, chrétien.

La musique est discrètement présente dans votre film. Comment se sont orientés vos choix musicaux ?
A la base, je ne voulais pas mettre de musique, mais mon monteur, entre autres, m’a dit qu’il fallait peut-être mettre un peu de musique, et je trouve qu’il a eu raison de me pousser à le faire. On en a mis très peu. On a juste souligné ; on ne voulait pas dénaturer. Je trouvais que les Jarawas se suffisaient à eux-mêmes et, en plus avec leurs chants, il n’y avait rien à rajouter. On a filmé avec deux caméras en même temps : j’avais, pour ma part, la longue focale et mon caméraman, la courte. Et donc, il filmait en grand, en large, et moi, je filmais en serré. On filmait ce qui se passait à deux caméras, un peu éloignés quand même, pas trop près d’eux pour essayer de capter ce qui se passait sans rien changer. Et la musique, c’était pareil. On a essayé d’être le plus discrets possible. J’ai un compositeur qui s’appelle Julien Baril qui a fait la musique originale. On ne voulait surtout pas mettre de musique ethnique, indienne. Il n’y avait pas de référant musical pour accompagner ce film ni de la musique africaine. J’ai donc mis de la musique électronique parce que j’aime beaucoup ça et puis, c’est un peu la musique que j’écoutais à ce moment-là. J’ai utilisé la musique d’un artiste anglais qui s’appelle Throwing Snow et celle d’un Américain du nom de Nosaj Thing, en plus, bien sûr, de la musique de Julien Baril.

A vrai dire, on ressort de votre documentaire plus humbles qu’on y est entrés. On s’attend à découvrir un peuple en perdition, peu ou prou civilisé, aux moeurs rustres, et au lieu de cela on est saisis par la grâce avec laquelle ils tirent à l’arc (quasiment une chorégraphie), par leurs talents et goûts artistiques (raffinement dans la fabrication de couronnes et colliers végétaux, dans le maquillage à la glaise, etc.), jusqu’au jeu de la ficelle qu’on croyait avoir inventé dans nos petites cours de récré et qui viendrait de l’antiquité en passant par les Inuits et la Papouasie. Mais surtout ils nous surprennent par leur joie de vivre constante, leur bonheur simple. En fin de compte, ceux qu’on croyait, avec peut-être un peu de condescendance, au bord – sinon en marge – de la civilisation seraient plutôt ceux sur qui nous devrions prendre modèle. A travers votre documentaire, les Jarawas nous donnent tout simplement une leçon de vie. Quel a été l’impact du tournage de ce film, de la rencontre avec les Jarawas sur votre vie ? Ya-t-il eu des remises en question ?
Après le dernier film qu’on a fait sur les migrants africains, « Le piège » (2011), où on a carrément failli se prendre une bombe – la voiture qui nous suivait a explosé –, on est ressortis de là très déprimés. On s’est rendu compte, ma femme et moi, qu’on avait fait un choc post-traumatique. Je pense que c’est le fait de s’être vus mourir tous les deux qui nous a provoqué ce choc et on s’est retrouvés déprimés, vraiment en dépression, jusqu’à ce qu’on comprenne que c’était juste un choc post-traumatique. J’avais, quant à moi, une vision assez noire de l’humanité après avoir vu tout ce que j’avais vu, même s’il y a des gens extraordinaires et des gens qui nous ont aidés à faire nos films et qui ont pris des risques incroyables. Et là, contrairement à ce qu’on nous apprend depuis toujours que l’homme est pêcheur, qu’il est mauvais, qu’il a besoin de Dieu pour racheter ses péchés, d’un coup je vois que les premiers humains, puisque les Jarawas sont les descendants des premiers humains partis d’Afrique il y a 100 000 ans, peut-être 150 000 d’après les dernières découvertes, ces premiers humains sont bons, ils sont heureux ; il n’y a pas de notion de bien ou de mal, ils n’ont pas besoin de cette notion. Et donc, ça m’a bouleversé de me dire que finalement c’est notre société qui est mauvaise, cette société de malheurs, de frustrations où on a troqué nos valeurs contre des pots de Nutella. On en est là aujourd’hui. Les gens sont perdus parce qu’on leur répète tout le temps qu’ils sont mauvais et on a tous fini par y croire. Le cynisme est une chose terrible et destructrice. Et donc, la rencontre avec les Jarawas nous a bouleversés et on est repartis plus forts pour faire nos films. Et puis, ils nous ont appris beaucoup de choses. Ils nous ont appris le bonheur. Quand Onia nous explique qu’elle est heureuse depuis qu’elle est toute petite, elle embraye en disant qu’elle est toujours occupée. L’oisiveté, quel malheur ! Il faut être occupé, avoir des projets, c’est un des paramètres du bonheur. J’ai compris aussi que le bonheur était lié à la confiance, qu’il fallait donner de la tolérance, être bienveillants. Ce sont des messages qui sont extrêmement importants dans notre monde d’aujourd’hui qui se radicalise, qui devient de plus en plus violent, de plus en plus égoïste et qui est en train de préparer une société qui fait peur aujourd’hui. Donc, je n’ai pas la réponse à tout mais je suis plus confiant dans la vie aujourd’hui. Je veux faire des films qui sont plus orientés sur de belles histoires qui nous permettent de progresser, d’apprendre, qui nous inspirent. On est tellement abrutis d’informations négatives, terribles à longueur de journée, on est tellement ancrés dans la peur qu’on peut essayer de renverser un peu la tendance.

D’où leur vient cette philosophie de la vie ?
En fait, quand on voit le film, c’est comme le jardin des Hespérides. On voit une espèce de jardin d’Eden avec des fruits merveilleux et nous, on est derrière la vitre. On sent bien qu’on a envie de tout ça, mais on se demande comment faire : on ne va tout de même pas se mettre à avoir confiance en tout le monde, on va se faire avoir. On ne peut pas aimer tout le monde, être d’accord, bienveillant avec tout le monde. En fait, on en est empêchés parce qu’on est dans des sociétés où on est tous encapsulés dans notre bulle. Et plus on sera comme ça et plus il sera facile de nous manipuler.

Par votre documentaire, vous dénoncez implicitement un ethnocide ou plutôt vous mettez en garde contre un ethnocide annoncé. Quelle a été la réaction des autorités indiennes ?
L’ethnocide, il est clair. Il a déjà eu lieu pour les peuples Onge et Bo. Les peuples Bo, les Grands Andamanais, ont été génocidés par les Anglais qui les ont mitraillés. Il y a d’ailleurs un monument à Port Blair, la ville indienne principale sur la Grande Andaman, qui nous montre cette magnifique victoire des Anglais contre ces peuples qui se battaient avec des arcs et des flèches. Ce sont des milliers de gens qui ont été tués. Les Onge vivaient sur la Petite Andaman, qui est une île plus au sud, dans un endroit paradisiaque. Les Indiens les ont chassés, les ont relocalisés dans un marécage, leur ont construit des maisons, leur ont interdit de chasser et leur ont donné de l’alcool frelaté. Les femmes sont devenues stériles, il y a eu beaucoup de morts. Aujourd’hui, ils ne sont plus que 80 et ils vivent dans une déprime totale, un peu comme les aborigènes. Donc, le génocide, il a déjà eu lieu. Il ne restait plus que les Jarawas, qui ont toujours résisté, et les Sentinelles qui vivent sur la petite île de North Sentinel et qui sont un peu les cousins des Jarawas. Par contre, eux, pour le coup, ils ne veulent rencontrer absolument personne, pas même témoigner. Alors, comment les Indiens ont réagi à notre documentaire ? A vrai dire, très mal. On a eu des menaces de mort. En fait, quand on a terminé le film, on a communiqué auprès d’une organisation qui prétend protéger les tribus et les peuples premiers. La réaction de ces gens que je suis allé voir à Londres avec un premier montage a d’abord été très positive puisqu’ils ont vu que je rapportais un message important. Ensuite, ils ont décidé d’être contre nous. Ils ont dit qu’on n’avait pas le droit d’aller là-bas et, comme on avait bravé la loi indienne, ils ne voulaient pas parler de nous ni nous soutenir. Au contraire, ils se positionnaient contre nous. Ils ont contacté leur gars sur place qui a prévenu les autorités. Ces dernières sont allées demander des comptes aux Jarawas qu’on avait filmés. Ils n’ont rien dit ; ils ont dit qu’ils n’avaient vu personne. Ils ont aussi arrêté des gens qu’ils ont présentés comme étant nos guides. On a alors travaillé avec Reporters sans frontières, payé un avocat pour les faire sortir de là. Franchement, je ne sais pas qui ils ont arrêtés, si ce sont nos guides ou pas, il n’y avait absolument aucune preuve de rien. Ça s’est traduit par une campagne de presse terrible dans les journaux indiens : on nous a traités de sales Blancs venus donner des leçons ; on a dit qu’on leur avait transmis des maladies, changé leur mode de vie. On a eu des menaces de mort sur notre page Facebook et on a, du reste, dû bloquer la page sur l’Inde. Donc, voilà, cela n’a pas été une réaction très positive. Toutefois, il faut dire que les trois quarts des Indiens sont très fiers d’avoir les Jarawas et je pense qu’ils les aiment et qu’ils n’ont pas du tout envie d’aller les perturber. Après, il y a des intérêts économiques locaux. Le député des Andaman, du parti BJP, est clairement impliqué dans les retombées économiques du zoo humain, du trafic de viande sauvage. Ces gens sont des racistes et ce n’est pas à l’honneur de l’Inde d’avoir de tels dirigeants. Maintenant, ils ont décidé de construire le plus grand port de l’océan Indien sur cette île et décidé aussi de faire une voie de chemin de fer contigüe à la route qui traverse donc le territoire des Jarawas. Si on se réfère à la construction du métro aérien à Madras (aujourd’hui Chennai) qui dure depuis plus de 15 ans et qui n’est toujours pas achevée, il est vraisemblable que la construction de la ligne de chemin de fer va prendre des années. Et ce sera fini pour les Jarawas. Leur but, il est simple : ils envoient des braconniers alors que c’est interdit de rentrer dans ce territoire. Il n’y a déjà plus de cochons sauvages, bientôt il n’y aura plus de daims et plus rien à manger. Les Jarawas vont alors sortir de plus en plus souvent sur la route pour demander à manger, pour mendier et ils vont se retrouver dans les bidonvilles de Port Blair, et ce sera fini pour eux. Ils ne sont que 400. Ça peut aller très vite. Ensuite, le gouvernement et les Indiens pourront récupérer les plages aux magnifiques couchers de soleil – les Jarawas sont sur toute la côte ouest –, et y construire des hôtels. C’est un fait. Quand je suis allé en 2001 aux Andaman, les îles étaient magnifiques, les plages étaient vierges. Quand on y est retournés la première fois en 2012, c’était pourri d’ordures partout. L’Inde est un des acteurs économiques principaux du monde et il est temps que ce pays tienne son rang et sa place. Et qu’on arrête de voir ce que je montre dans le film, à savoir des bidonvilles absolument infects où les gens vivent dans des conditions terrifiantes alors que l’Inde a largement les moyens de permettre à sa population la plus pauvre de vivre décemment et largement les moyens de protéger les peuples indigènes, et pas seulement les Jarawas, parce les peuples indigènes en Inde sont victimes partout. On leur vole leur terre, on les empêche de continuer de vivre selon leur mode de vie. C’est une véritable guerre qui a lieu contre les peuples indigènes. Il n’y a que le Brésil qui arrive à être pire qu’eux, en fait.

Aujourd’hui, vous interpellez les autorités indiennes en lançant une campagne de sensibilisation accompagnée d’une pétition. En quoi consiste votre démarche ?
On sait bien que ce n’est pas une pétition qui va changer les choses ; c’est le pouvoir politique qui va changer les choses. C’est une décision politique de respecter l’ordonnance de la Cour suprême indienne de fermer cette route. C’est déjà une première chose. Il y a aussi des choses positives qui sont arrivées depuis que les Indiens savent qu’on y est allés : ils ont renforcé la sécurité. Dans le film, les Jarawas parlent d’un groupe de braconniers armés venus les menacer, qu’ils ont d’ailleurs abattus pour se protéger. En fait, des gens de ce même groupe de braconniers sont revenus se venger quelques mois après notre dernier passage sur l’île. Mais les Indiens, ayant augmenté le niveau de sécurité, ont été capables d’arrêter 25 braconniers armés de kalachnikovs venus se venger. Donc, je pense que quelque part notre passage/intervention les a sauvés. Alors, notre idée c’est déjà de diffuser le message. C’est d’engager les gens dans une action qui est une action simple : signer une pétition. Cette pétition est sur notre site Internet, c’est sécurisé : vous signez sur notre site et on ne revendra pas vos coordonnées. Et quand on atteindra le chiffre de 1 million – là, on a déjà un quart et je pense qu’avec la sortie du film cela va s’accélérer –, on enverra alors le million de signatures sur le mail du Premier ministre et du député des îles Andaman ainsi qu’aux journaux indiens, et ils ne pourront plus ignorer cet appel des Jarawas à l’autodétermination d’une part et au fait qu’ils ne veulent pas de route, qu’ils ne veulent pas de ligne de chemin de fer et qu’ils veulent qu’on les laisse vivre comme ils le souhaitent. En tout cas, on ne pourra plus dire qu’on ne savait pas. Dans le film, on ne raconte pas tout, on n’explique pas tout mais il y a une vie après le film. Il y a un site Internet, il y a des explications qui sont données, et puis les Jarawas ne sont pas à nous. Nous, on a envie que la communauté scientifique s’approprie la chose aussi, qu’elle en parle, qu’il y ait des gens qui militent. La seule chose qu’il ne faut pas faire, c’est aller les voir. Nous, on l’a fait pour des raisons très clairement exposées. La seule chose qu’il faut respecter, c’est ce qu’ils disent : ils ne veulent voir personne. Mais ça n’empêche pas qu’à travers le monde on peut prendre position et militer pour que leur volonté soit respectée.

Avez-vous eu des difficultés pour financer le film ? Avez-vous obtenu des aides ?
On n’a eu aucune aide. On n’en a pas demandé parce qu’on a une société de production qui n’a pas assez de capital pour pouvoir bénéficier de l’avance sur recettes. Il faut 40 000 € de capital, or nous n’avons pas cette somme. Donc, nous n’avons pas eu d’avances sur recettes, pas d’aide du CNC Cinéma, pas de distributeur non plus puisque les distributeurs, comme on n’a pas les 40 000 € de capital, ne bénéficieront pas d’aides à la distribution. On a donc, ma femme et moi, financé nous-mêmes le film en faisant d’autres types de documentaires. En fait, on a fait 13 documentaires en 18 mois pour la télé sous un autre nom pour bien compartimenter les choses, sans se payer. Et donc, ce film on l’a financé seuls et on le distribue seuls. On a un très bon programmateur de salles qui bosse avec nous et on va faire une très belle sortie en mai.

Votre film est projeté en avant-première au Festival DocPoint de Helsinki, de même que vous en faites la promotion dans de nombreux autres pays. Qu’en est-il de sa sortie en France ?
Le premier festival qu’on a fait, c’est l’année dernière à Prague à One World. Puis, on était à Documenta à Madrid, à Document à Glasgow, ensuite on est allés dans un festival à Dresde. On espère être pris aux Pays-Bas, et, ici, DocPoint à Helsinki, c’est super, c’est vraiment un très beau festival. Et puis, on va sortir le film dans le monde, en commençant d’abord par la France en mai. DocPoint est un des cinq meilleurs festivals de documentaires. En France, il n’y a pas de festival comme DocPoint. Il y a un festival de reportages et de documentaires de télévision et puis, il y a Cannes. Il y a aussi le Cinéma du réel, mais ils ne m’ont pas pris mon film. De toute façon, ce n’est pas aussi connu, aussi prestigieux que DocPoint ou Movies That Matters ou One World, et deux ou trois autres. Il n’y a pas vraiment de festival de documentaires pour le grand écran en France, pas du niveau de DocPoint, en tout cas, qui a une réputation internationale. Je suis très heureux d’être là… je rêvais, du reste, d’être pris au départ.

La distribution se fera-t-elle en salles ou sur des chaînes de télévision ? Le film est-il déjà vendu à d’autres pays ?
On le fait en salles et ensuite il sera accessible en VOD mais, a priori, sur notre plateforme à nous et non pas sur iTunes, Orange ou Netflix, etc. pour plein de raisons. Tout d’abord, parce que ça ne sert à rien d’être sur ces plateformes, en fait. Le film est, en général, mal exposé, et donc il finit dans les oubliettes du catalogue pléthorique. Notre plateforme est une plateforme sécurisée de sorte que l’on ne peut pas pirater le film. On ne le vendra pas en télé, a priori. Peut-être que dans les pays où il n’y a pas un gros marché cinéma comme, à mon avis, les pays scandinaves, on fera des deals, par exemple, avec SVT ou YLE. YLE a du reste déjà passé un de mes films, alors peut-être qu’ils passeront celui-là. On va lancer une campagne de co-funding pour financer notre distribution et puis, j’ai cherché à créer un nouveau système de financement de documentaires, sans passer par la télé, parce que c’est devenu très compliqué de vendre à la télévision. Il y a de moins en moins d’argent en France – 50 millions en moins sur les chaînes publiques –, et évidemment ce sont avant tout les documentaires de création qui vont être impactés. Par ailleurs, ce film était impossible à faire ; personne n’avait jamais réussi et on n’avait pas de garantie d’y arriver, et c’est aussi pour ça qu’on l’a financé seuls. Donc, on a maintenant ce système avec une page Facebook, avec les réseaux sociaux, avec le site, avec la plateforme, avec du co-funding pour arriver à financer un documentaire jusqu’au moment où on peut le sortir en salles et le passer ensuite en digital. Et j’espère que ce système fera école… du moins pour mes prochains films, ça c’est sûr.

Est-il trop tôt pour vous demander si vous avez des projets voire des souhaits cinématographiques ?
J’ai un projet de documentaire que je voudrais faire au Japon. Cela fait six ans que j’aimerais le faire, mais je n’ai pas réussi à le financer, à le vendre. Il a été refusé par les chaînes qui, habituellement, achètent des documentaires. A la base, j’ai voulu passer par le système classique mais comme je ne l’ai pas vendu, je le financerai de la même façon que j’ai financé celui-ci. C’est un documentaire sur le suicide, un endroit où les Japonais viennent se suicider et, dans cet endroit, il y a un homme qui est là pour empêcher les gens de se suicider. Il sauve une personne par semaine ; c’est un type extraordinaire que j’avais rencontré lorsque j’avais fait Arte Reportage en 2011. On est devenus amis et il m’a proposé de le filmer sur le long terme et de faire un film sur lui. Cela n’a pas encore pu se faire, mais ce sera mon prochain documentaire.

Propos recueillis par Aline Vannier-Sihvola
Helsinki, le 27.01.2018

Jarawas

Signez cette pétition pour sauver les Jarawas, un des plus anciens peuples du monde menacé aujourd’hui d’extinction :
http://www.organicthejarawas.com

FILMOGRAPHIE

Alexandre Dereims a réalisé depuis 2002 huit longs métrages documentaires, dont plusieurs ont été primés, notamment « Han, le prix de la liberté » pour lequel il a obtenu le prestigieux Prix Albert Londres. Son dernier film sur le peuple Jarawa « Nous sommes l’humanité » est actuellement dans les salles françaises depuis début mai 2918.

La vie d’un intouchable, pousse-pousse à Calcutta (2002)
La mort en face (2003)
Les Khmers Rouges, un procès contre l’oubli (2005)
Un génocide à huis clos (2007)
Han, le prix de la liberté (2009)
La Corée du Nord : la liberté ou la mort (2009)
Le piège (2011)
Nous sommes l’humanité (2017)